L'opéra de Massy m'avait proposé en vente web flash une farce de Rossini, pour hier soir, 3 mars...
Comment résister? Avec l'Orchestre national d'Ile-de-France et l'Académie de l'Opéra de Paris?
Sous la direction d'Enrique Mazzola? Résister eut été de mauvais goût!
J'étais en mezzanine 2, d'où l'on voit très bien aussi (on est un peu plus loin de la scène que
le reste du théâtre mais par rapport à des salles comme Bastille ou Garnier, la scène est encore très visible).
J'avais lu le programme pour prendre connaissance de l'intrigue avant le spectacle (à l'opéra je procède
ainsi, ça permet de lire moins de sous-titres, et d'écouter davantage la musique, en comprenant quand même)
C'était la deuxième fois que j'entendais l'Orchestre national d'Ile-de-France hors de Paris, après le
Festival "Classique au vert" à Vincennes de l'été 2016. Il est dans les fonctions de cet orchestre
de se produire à Paris et dans les salles d'Ile-de-France, des petite et grande couronnes.
Il signor Mazzola, chef d'orchestre, arriva sur scène avant le spectacle, entouré d'une écharpe,
pour nous en dévoiler quelques clés. Il nous parla de son amour de l'opéra, et de son implication
dans la représentation de petits opéras peu connus de Gioachino Rossini. Il nous expliqua que la farce
en matière d'opéra venait de l'art culinaire qui consiste à fourrer quelque chose avec autre chose.
Au XIXè siècle, on fourrait un opera seria (sérieux) de plusieurs heures d'un passage comique d'une
dizaine de minutes, c'était une farce. La mise en scène de la farce que nous allions voir utilisait un damier
et les deux familles en lice étaient l'une habillée de noir, l'autre de blanc. Le chef, n'ayant pu choisir, défit
son écharpe et nous montra qu'il avait choisi de ne pas choisir, sa chemise était moitié noire, moitié blanche.
La chemise en prenait des allures de carnaval vénitien, ce qui était parfait puisque la farce présentée.
fut créée à Venise, en 1813. Il s'agit d'une version farceuse de Roméo et Juliette...
Voici l'orchestre à la fin du spectacle. Il y avait un écran derrière les musiciens, sur lequel un jeu de
carrés plus ou moins gros, noirs, se positionnaient sur le blanc du fond, créant des images, et parmi
ces carrés se projetaient les sous-titres, mal désignés ici par cette appellation car il y avait fort à faire en
matière de lecture, un vrai roman! Le livret est de Giuseppe Maria Foppa, il a été réalisé par "simplification"
d'une comédie intitulée "Le fils par hasard". Le livret simplifie très bien ainsi "il ne reste qu'un couple
de jeunes amants, entourés d'un petit peloton d'adultes névrosés". "Réduits à l'essentiel, ces
personnages sont près à être cuisinés par Rossini" (très jolie critique de Riccardo Mascia).
La jeune Sofia aime le jeune Florville, mais elle est sous la tutelle de Gaudenzio, qui hait le père de
Florville... On apprend que Sofia a été promise au jeune Bruschino, inconnu dont l'aubergiste Filiberto
vient parler à Forville, qu'il prend pour son cousin. Le jeune Bruschino est enfermé par l'aubergiste
dans sa cave pour cause de dettes de boissons... Forville décide de se faire passer pour lui pour
épouser Sofia. Mais le père Bruschino se présente, qui ne reconnait pas son fils dans Forville.
Par un habile jeu de passe-passe, Forville va convaincre un policier qu'il est bien le fils de Bruschino,
que Gaudenzio presse d'accepter le mariage. Découvrant l'identité réelle de Forville, Bruschino père se
réjouit de jouer un bon tour à Gaudenzio, et accepte. Voilà les jeunes gens mariés. C'est le moment
que choisit le fils intempérant pour ressortir de l'auberge et venir réclamer son identité... trop tard!
L'Académie de Paris a déjà donné lieu à deux articles sur ce blog, pour deux concerts entendus à
l'Opéra Garnier. Ce sont de jeunes espoirs de la scène lyrique. Ils furent tous excellents, j'ai apprécié
particulièrement Sofia, soprano interprétée par Ruzan Matashyan, Gaudenzio, baryton, interprété
par Pietro di Bianco, et Bruschino père, interprété par Damien Pass, dont les rôles sont virtuoses.
Il y eut des passages de quasi onomatopées à quatre ou cinq voix qui furient de grands moments
musicaux. L'orchestre était plus en retrait, quoique sur scène, avec cependant des participations
individuelles extra-musicales à la farce, en particulier de la part du chef, qui se révèle être un farceur.
En écrivant cet article, je pense aux oeuvres grandes ou petites de Rossini que j'ai chantées, et je cherche
les farces... Les dix pages de "amen" dans la petite messe solennelle? Je ne me prononcerai pas!
Le public d'hier soir apprécia beaucoup la farce du signor Bruschini, et les excellents
musiciens et chanteurs qui l'interprétèrent. La mise en scène de Mirabelle Ordinaire était
à la fois simple et élégante. J'ai filmé le bonheur exprimé du public aux saluts:
Une très jolie représentation, et une belle soirée, merci à tous!
NB: ma sympathie pour Enrique Mazzola ne remet pas en cause mes décisions antérieures,
et si on a pu le croire, c'est qu'il y a eu manipulation.
Sylvie, blogmestre