Il y avait hier soir un splendide concert en la cathédrale Notre-Dame de Paris. L'ensemble vocal de
Notre-Dame, sous la direction de Sylvain Dieudonné, interprétait un programme de chants très
virtuoses de musique du XIVè siècle, à l'époque où la papauté était installée en Avignon.
Avignon, le Palais des papes
Au début du XIVè siècle, le pape Clément V s'installe en Avignon, et neuf papes s'y succèderont.
Ces papes avignonnais, dont la majorité étaient français, sont des hommes de goût et de raffinement.
Ils font édifier le Palais des papes, ci-dessus, et entretiennent une cour, en mécènes des arts et des lettres.
Parallèlement, la musique médiévale, qui était monophonique, devient aussi polyphonique, grâce
au mouvement de composition Ars nova. On développe le rythme et l'architecture de pièces
musicales savantes, dans lesquelles les voix sont soigneusement positionnées et articulées.
La cour des papes en Avignon était le lieu rêvé pour entendre ces polyphonies nouvelles.
Le concert était composé de seize pièces, mêlant les oeuvres grégoriennes monophoniques,
et les oeuvres polyphoniques à deux ou trois voix. L'introït grégorien fut initié du fond de la cathédrale
par l'ensemble vocal, qui descendit l'allée centrale en chantant pour se positionner devant l'autel.
Les choristes, très nombreux, se relayaient par sous-groupes pour chanter. Il y avait un groupe de voix
graves exclusivement masculin, et un groupe de voix aiguës, féminin à l'exception notable d'un contre-ténor,
et des sous-groupes des deux groupes de base. La succession des morceaux était comme d'habitude
très organisée, dans un ballet gracieux (en musique, les silences sont aussi de la musique).
Les pièces présentées, qui formaient le déroulement d'une messe étaient musicalement riches et
certaines étaient très ornées. On sentait qu'il ne s'agissait pas d'une liturgie de chapelle médiévale,
mais d'une cour raffinée, ecclésiastique, certes, mais un lieu de haute connaissance musicale.
Voici deux extraits du concert, un extrait du Kyrie eleison, à trois voix, chanté par les voix graves
masculines, puis un extrait de l'Agnus Dei, à trois voix, chanté par les voix aiguës,
majoritairement féminines, mais comprenant aussi un contre-ténor.
Le concert a eu beaucoup de succès, c'était bien mérité. Mention spéciale à Raphaël Mas, contre-ténor,
qui faisait partie des sous-groupes masculins, et des voix aiguës, ce qui lui a fourni double tâche.
Sylvie, blogmestre