Hier soir, j'ai eu la chance, grâce à une proposition de tarif promotionnel de l'Opéra Bastille,
d'assister à la première de l'opéra "Les Maîtres chanteurs de Nuremberg" de Richard Wagner.
Enfin, plus précisément, j'ai assisté aux actes II et III car, étant arrivée à 18h pour le premier acte
qui débutait à 17h30, je n'ai pu entrer dans l'opéra qu'au premier entracte, c'est-à-dire à 19h.
L'opéra de Wagner dure quatre heures et vingt-cinq minutes. Il est en trois actes, séparés par deux entractes de quarante-cinq
et trente minutes. Ce qui fait cinq heures et quarante minutes de présence dans l'édifice, justifiant l'heure inhabituelle
de début du spectacle, 17h30, que je n'avais pas remarquée en achetant le billet. Les opéras « plus courts » (tout est relatif!)
comme Don Giovanni, commençaient à 19h. Pour être à 17h30 à l'opéra Bastille, il me fallait partir à 16h30, je n'y suis pas
parvenue. Mais je n'étais pas la seule à arriver vers 18h puisque deux autres personnes connaissaient en même temps que
moi la même mésaventure. Le monsieur me dit que d'habitude pour Wagner, c'était 18h, et que ça l'avait induit en erreur.
Et que d'autres personnes arriveraient probablement à 19h ou 19h30 (c'est à dire pendant le premier entracte). Nous fumes
priés de revenir au premier entracte, et l'on me remit un programme à cet effet, pour que je sache quand revenir.
J'avais une heure à patienter, dans un café voisin, que j'utilisai à réviser du droit et à lire ce que j'avais
trouvé sur l'intrigue des Maîtres chanteurs, plus tôt dans l'après-midi.
Une série de petites silhouettes vinrent soulever le rideau au début du deuxième acte, qui se leva sur
un curieux décor : tout l'intérieur d'un logement était à taille de géant, avec des humains semblant
minuscules à l'intérieur, lilliputiens. Je ne sais pas quel était l'objet de ce changement d'échelle du décor, mais c'était
inconfortable pour la jugeotte, et la mienne était mal en point hier soir, ce qui n'arrangeait rien... Au troisième acte, les
proportions du mobilier redevinrent normales, à taille humaine, à mon soulagement,
puis les deux tailles d'habitat cohabitèrent sur scène.
Voici l'intrigue : à Nuremberg, au XVIè siècle, la confrérie des Maîtres chanteurs organise un concours
de chant selon des principes bien établis, dont le prix est la main d'une jeune fille. Celle-ci, Eva, est
courtisée par Walther, un jeune propriétaire terrien, qui ignore tout de cet art. Mais Eva connait le
cordonnier Sachs, qui, lui, maîtrise parfaitement cette composition. Un autre individu célibataire s'intéresse
à Eva, il s'agit de Beckmesser, qui chante des textes bizarres en s'accompagnant sur une mandoline
désaccordée (!) Enfin, le cordonnier a un apprenti, David, qui est amoureux de la nourrice d'Eva, Magdalene.
Après que Beckmesser s'est bien rendu ridicule, Walther emporte l'épreuve en chantant un poème
de sa composition, que Sachs a soigneusement supervisé et corrigé. C'est la liesse générale dans la
bourgeoisie et le peuple de Nuremberg en fête, qui célèbre les noces des deux promis,
et celles de David et Magdalene.
L'orchestre et les choeurs de l'opéra de Paris étaient dirigés par Philippe Jordan, qui monta sur
scène aux saluts. Cet opéra de Wagner est une coproduction de l'Opéra de Paris et du Festival
de Salzbourg, mis en scène par Stefan Herheim.
Les chanteurs les plus applaudis furent évidemment les rôles principaux, avec un cote de popularité
très marquée de Gerald Finley, baryton, qui jouait Sachs (il était malicieux et parfait pour le rôle).
Usuellement, lorsqu'il y a « un grand air » de soliste dans un opéra, le compositeur a prévu un temps
de pause juste après pour que le public puisse applaudir. Rien de tel ici, nous ne pouvions nous exprimer
qu'à la fin des actes. Ainsi le remarquable quintette du troisième acte passa sans être applaudi, faute
d'espace sans musique pour le faire... A la fin, on avait l'impression que l'orchestre, le choeur et les
solistes se répondaient en circuit fermé, ils s'occupaient même des applaudissements entre eux !
(c'était dans la partition, ou dans la mise en scène). Nous nous sommes rattrapés, longuement,
à la fin de l'opéra. Voici un peu de publicité enthousiaste de la part du public...
Applaudissements et saluts à la fin de l'opéra
C'est un très bel opéra, joyeux, qui se passe dans une province prospère et riche de ses traditions,
un hymne à l'Allemagne artistique des poètes et des musiciens. J'ai souri d'entendre les chanteurs se saluer d'un
« Grüss Gott », particulier aux Länder du sud, expression qui nous amusait quand j'étais stagiaire en Goethe Institut, du côté d'Ulm,
il y a longtemps. L'inoubliable thème des Maîtres chanteurs vous restera dans la tête pendant des jours et
des jours... Si vous aimez Wagner, et que vous avez le sens de l'organisation, pour l'horaire, n'hésitez pas !
Sylvie, blogmestre