Pour une raison inconnue, tous les ballets arrivent en même temps dans notre belle capitale. Ainsi,
le Palais des Congrès et le Théâtre des Champs Elysées ont simultanément un programme de ballets
classiques cette semaine, avec les mêmes œuvres. En revanche, entendre un concert dans une grande salle est
devenu mission impossible, on oubliera pendant les vacances de février... C'est surprenant car il y a de la demande,
les Parisiens ne sont pas tous des fanas de glisse, et beaucoup sont à Paris en cette saison. Enfin...
c'est donc une semaine « ballets », et éventuellement d'autres activités.
Hier soir, j'ai fait la connaissance de l'immense amphithéâtre du Palais des Congrès, qui donnait le
Casse-noisette de Piotr Ilitch Tchaïkovski, joué et dansé par l'Opéra national de Lviv, en Ukraine.
Deux très longues queues serpentaient devant l'entrée des billets pairs, et l'entrée des billets impairs.
Des touristes non francophones faisaient des commentaires en anglais qui laissaient apparaître leur perplexité.
J'avais trouvé la bonne file, mais je ne savais plus qui était pair, de « odd » ou de « even », difficile de les aider...
J'étais à cinq rangs de la scène, et comme il y eut des absences, on m'a replacée à mon avantage. L'orchestre était
enfermé dans la fosse, je me souvenais du concert Casse-noisette à la Philharmonie, et me suis demandé comment ils
tenaient tous à l'intérieur... les violons et autres cordes plus volumineuses, la harpe, la celesta, les percussions, les flûtes,
hautbois, bassons... ? La fosse paraissait étroite et tout en longueur, mais c'était peut-être les grandes dimensions
de la salle qui donnaient cette impression. Même avec des absences, une fois que tous les spectateurs furent
installés, ils devaient être plusieurs milliers.
On nous pria de ne pas prendre de photos ni de films vidéo pendant le ballet. Le rideau de velours noir
se leva sur un deuxième rideau, d'une beauté surprenante, peint d'enfants et de rêves d'enfants, dans
une tonalité dominante bleue, un décor fantastique illustrant l'univers onirique de Clara, qui est l'héroïne
du Casse-noisette. Derrière le rideau, il y avait tout un décor de panneaux peints, avec des sortes de
couronnes dont la matière m'a amusée : je pense qu'elles étaient fabriquées à partir d'antennes de
télévision récupérées et soudées, avec des billes et des pointes dorées et argentées.
Voici un morceau de rideau et une couronne de matériau métallique recyclé.
Le décor à l'arrière de la scène représentait un sapin de Noël qui s'alluma pendant le ballet, un très
grand sapin fantastique, tout en hauteur. Rappelons que l'histoire est de Jacques Offenbach, et qu'il
s'agit d'un conte germanique. La jeune Clara fête Noël avec ses parents, et reçoit en cadeau un
casse-noisette en forme de soldat. Pendant la nuit, elle rêve que le casse-noisette s'anime, et devient
un beau prince qui l'emmène dans la neige faire un voyage... Mais avant, il y a un conflit entre
les jouets et l'armée des souris. En fait de souris, il y avait dans le ballet une créature grise et
bondissante, avec de petites oreilles, une reine des souris de rouge vêtue, avec couronne assortie,
et surtout de gros rats très musclés, en bande organisée, qui s'en prenaient aux poupées.
Les poupées se mouvaient avec le rythme saccadé des jouets mécaniques.
On voyait tomber de la neige sur le décor, en projection de gros flocons blancs. Il y avait deux Clara,
une Clara enfant, supervisée par un adulte dont j'ai supposé qu'il était son père, et
une Clara adulte, qui partait en voyage avec le beau prince. Ils visitaient différentes contrées,
on se souvient qu'il y a dans le Casse-noisette des danses du thé, du chocolat, etc...
Chaque danse était illustrée par des danseurs en costumes spécifiques, sans excès, mais très jolis,
vêtus de blanc, avec des ornements dorés ou argentés. Seule
la reine des souris était en couleur, le père de Clara étant vêtu de noir et blanc, avec perruque Louis XVI.
Les danseurs étaient parfaits, l'orchestre aussi, tous étaient de grands professionnels.
La soirée fut un enchantement. Le rideau est tombé, puis s'est relevé, et les danseurs ont exécuté
quelques pas pour saluer, c'était le moment que nous attendions pour immortaliser la soirée !
Le chef d'orchestre est aussi monté sur la scène, tous étaient très gracieux. Le public, ai-je noté,
était différent du public que je rencontre aux concerts de musique classique, mais remarquablement
concentré pendant tout le spectacle. J'ai trouvé dommage que l'orchestre soit invisible...
Le personnel du Palais nous a très courtoisement salués quand nous sommes pasés devant eux
en sortant. Le retour a été fluide, malgré le grand nombre de personnes sortant du spectacle. C'était
une très bonne soirée. Avis aux amateurs de ballets, le Casse-noisette est joué à nouveau ce soir au
Palais des Congrès de la Porte Maillot, puis ce sera le Lac des cygnes samedi et dimanche prochains.
Sylvie, blogmestre