Le 17 mars, deux heures avant le confinement, je suis allée voir Notre-Dame, que je n'avais pas vue de
près depuis plusieurs mois (mais de loin, si). Quoique je me tienne informée régulièrement des progrès ou retards de
l'état d'avancement de sa consolidation, précédant sa restauration, force est de constater qu'on ne nous dit pas tout, et
que l'un ou l'autre reportage remet en cause nos certitudes sur le bon déroulement de sa convalescence. Ce 17 mars,
elle venait, in-extremis, d'être consolidée avant l'interruption des travaux, mais je ne le saurais que plus tard.
Les rues étaient déjà vides, et les commerces fermés. J'ai fait le tour de l'édifice, où une exposition de photos
présente les travaux et recherches qui sont faits sur les restes calcinés de ce qui fut sa charpente de
chênes multi-séculaires, et des pièces tombées lors de l'incendie. Les photos, étant recouvertes d'une
pellicule plastifiée, brillent à la lumière et reflètent les cafés de l'autre côté de la rue. Des genres d'ex-votos
textiles ornent deux troncs d'arbres, et une rose a séché, accrochée à une barrière.
Musique: Eia Mater, fons amoris, extrait du Stabat Mater d'Anton Dvorak
Les rosiers de la crypte semblent avoir été entretenus, le parvis est à nouveau visible, et les marronniers sont
débarrassés de la palissade métallique, qui ceint le chantier et a reculé. Pour le reste... l'échafaudage qui avait
commencé à être démonté est toujours là, suite à l'arrêt du chantier dû au confinement, des pignons sont
toujours emmaillotés, je remarque une tente au dessus du choeur, qui le protège de la pluie,et
continue ma reconnaissance. Comme d'habitude, j'ai du mal à repartir, à quitter l'île de la Cité.
L'anniversaire de l'incendie a été honoré par plusieurs chaînes de télévisions, dont les films sont
visibles en replay: KTO a filmé une célébration autour de la couronne d'épines du Christ le Vendredi
Saint, c'est la deuxième dans la cathédrale depuis le sinistre, Arte, France 2, TMC, et en beaucoup plus
dérangeant, BFMTV, ont produit des reportages. Celui tourné par France 2 a ma préférence, car il est
plein d'espoir: Il a suivi le chantier pendant un an, tous ces héros artisans qui fabriquent des cintres pour empêcher
les arcs-boutants de pousser les murs, voltigent pour débarrasser les voûtes des poutres calcinées, ou adroitement
d'une statue qui risquerait de précipiter un pignon dans le vide. TMC a retracé le sauvetage de Notre-Dame
par les pompiers (plus visible en replay), qui ont toujours autant de mérite et de courage (surtout quand on voit
les flammes de près). Arte a fait un reportage assez difficile sur l'état du bâtiment,
et BFM se demande qui peut bien avoir voulu du mal à une merveille inoffensive de 850 ans...
Je relaie ici une chorale virtuelle constituée de 50 choristes et musiciens de la Maîtrise de Notre-Dame,
qui ont chanté et joué pour l'occasion le dernier choeur de la Passion selon Saint-Jean de Bach,
c'est parfait, comme d'habitude, même quand ils chantent à distance...
Et puis, Notre-Dame elle-même a participé par son bourdon Emmanuel, actionné à la main
successivement par plusieurs sonneurs (le battant pèse une demi-tonne) à marquer l'anniversaire de son
drame personnel (le bourdon s'utilise dans les circonstances graves), mais aussi à soutenir
les soignants dans le drame collectif de l'épidémie actuelle.
Sylvie, blogmestre
Les notifications concernant cet article n'arrivent pas non plus (3 envoyées, article mis en ligne le 20 avril à 17h)
pas davantage que les notifications des articles précédents, et le colis de mes parents est toujours hors localisation.