Il y avait hier soir un concert de l'orchestre national de l'Opéra de Paris, dirigé par Philippe Jordan,
entre deux représentations des Troyens d'Hector Berlioz, actuellement à l'affiche de l'Opéra Bastille, j'ai admiré la
performance physique des participants, l'oeuvre symphonique durant deux heures sans pause, et l'oeuvre lyrique
quatre heures, avec entracte. J'avais réservé une place tout en haut du 2è balcon, de face, à l'avant
dernier rang, pour entendre la 3è symphonie de Gustav Mahler, qui a déjà donné lieu
à plusieurs articles sur ce blog, mais je ne m'en lasse pas.
Partie d'Arcueil-gare vers 19h23*, le RER était un peu ralenti par la froidure, et je suis arrivée pile
pour le début du concert, et assise à ma place juste avant l'entrée des musiciens.
Ci-dessus une vue de la scène de l'opéra Bastille, habillée de sa conque acoustique, comme un gros
coquillage de bois destiné à éviter la dispersion du son vers l'arrière scène et à amortir l'effet de réverbération des parois.
La grande salle de l'opéra Bastille étant plus verticale que celle de la Philharmonie, on n'est pas aussi
loin de la scène que la photo le suggère avec son objectif grand-angle.
L'orchestre se mit en place peu après, puis fut rejoint par Philippe Jordan, sous les applaudissements.
La symphonie, qui compte six mouvements, et la 2è plus longue symphonie de l'histoire de la musique.
Les trois premiers mouvements sont instrumentaux, les deux suivants sont vocaux et instrumentaux,
le dernier mouvement est instrumental. La soliste, Michaela Schuster, entra en scène après
le 3è mouvement, ainsi que les deux choeurs, un choeur de femmes issu du Choeur de
l'Opéra de Paris, et un choeur de jeunes garçons de la Maîtrise des Hauts-de-Seine.
On nous demanda de ne pas applaudir entre les mouvements, ce qui fut respecté, sauf pour l'entrée
de la soliste. Le premier mouvement symbolise la Création du monde, il est brillant et sonnant, utilisant
toutes les capacités d'un grand orchestre, avec adjonction de caisse claire à l'extérieur de la scène.
Ses lignes mélodiques sont diverses, avec quelques motifs récurrents, on sent une émergence du chaos.
Le deuxième mouvement est plus subtil, comme un frémissement doux, ou un bourdonnement. Il s'agit
de la végétation, et probablement des insectes qui lui sont indispensables. Le troisième mouvement est
animal, dansant, incitant les auditeurs à marquer le rythme. Le monde se met en place... C'est dans
ce mouvement qu'il y a un ou deux cors de postillon qui jouent depuis l'extérieur de la scène,
provoquant toujours la même surprise attentive, car l'orchestre se tait pour les faire entendre.
Le quatrième mouvement est celui de la mezzo-soprane, qui s'impose à tout l'orchestre, et même
au choeur, dans un texte de Friedrich Nietzche, "O Mensch, gib Acht!" évoquant la profondeur du
sommeil et celle de l'éternité, frissons garantis (j'aimais beaucoup Nietzsche dans mes années de lycée).
Le cinquième mouvement est celui du double choeur, extrait du Knabenwundenhorn de Mahler, un
choeur d'anges chanté par un Knabenchor bien sage, et des voix féminines angéliques. Bim, bam...
Le dernier mouvement, celui de l'amour, était très clairement la conclusion des mouvements précédents.
Commençant doucement, il enfla progressivement pour retrouver à la fin la brillance et le foisonnement
musical du début de la symphonie. Finale éclatant qui déclencha des applaudissements et cris
d'enthousiasme (sans consommation de bulles à l'entracte, puisque sans entracte), le public était aussi transporté
que lors des opéras, il fit une fête d'applaudissements à Michaela Schuster, à Philippe Jordan,
aux cors lointains, aux cuivres et bois présents, aux choeurs, aux violons, à tous les musiciens.
Nous sommes ressortis vers 22h, je suis rentrée au plus court, il faisait froid, et malgré une attente
à la station Châtelet** (rupture de caténaire sur le RER B), fus de retour chez moi une heure plus tard.
Une très bellle soirée! Allumant la télévision après être rentrée, j'appris qu'Arte diffusera ce soir
"Les Troyens", opéra de Berlioz (de quatre heures) filmé à l'Opéra Bastille, avec...
Philippe Jordan et l'Orchestre et les Choeurs de l'Opéra national de Paris. A voir!
Sylvie, blogmestre