L'opéra de Mozart, sur le galant impénitent, était hier soir, dans une version concert à l'affiche
du Théâtre des Champs Elysées. Je l'ai vu dans des conditions particulières, que je vais évoquer
ci-après. Pour l'intrigue, je vous renvoie à l'un des articles de ce blog ayant traité de cet opéra.
Le concert était donné par le Kammerorchestrer Basel et le Deutscher Kammerchor, sous la
direction de Giovanni (!) Antonini, avec Erwin Schrott dans le rôle principal et la mise en scène.
Je m'y étais prise un peu tard pour réserver une place, et décidai de tester les loges qui
sont au-dessus du 2è balcon, où il en restait quelques-unes. J'en choisis une qui ne comportait
que 3 sièges (j'étais à l'arrière). On ne voyait, du 2è rang de la loge, pas grand-chose, si
ce n'est la salle Belle Epoque et son plafond, qui fait toujours mon admiration.
Observant, comme on le voit sur la photo, qu'il restait, peu avant le début de la représentation,
des places libres à l'étage en-dessous, je suis redescendue, et ai trouvé une place (la 26) dans
la rangée Z, juste en-dessous des loges, parmi quelques autres personnes qui avaient procédé
ainsi. La rangée Z donne une magnifique vue sur le plafond qui me plait tant. Pour ce qui est du
concert, je n'en voyais que les sur-titres. Ayant vu plusieurs fois cet opéra, et l'ayant beaucoup
entendu sur enregistrements, ce n'était pas gênant, j'imaginais les visions de l'intrigue que je ne voyais pas.
Au début du concert, on nous apprit que l'un des solistes était souffrant et serait remplacé,
dans le brouhaha, je n'entendis pas de qui il s'agissait. La première partie fut de plus en
plus séduisante, on sentait la température affective de la salle monter, et les performances
excellentes se succédaient. La température matérielle augmentait aussi, le 2è balcon est
celui des spots qui dégagent beaucoup de chaleur. Après la séduction de Zerlina, il y eut
un entracte, et je décidai d'aller prendre l'air sur le boulevard. La rue Montaigne était
en pleine féérie lumineuse. On me remit un ticket d'entracte pour pouvoir rentrer.
Un bol d'air frais et une mandarine plus tard, j'étais de retour rangée Z, et m'enquis d'une place
de la rangée Y restée libre pendant la 1ère partie, entre deux dames. La place était réservée par
un monsieur absent, et l'on m'autorisa à m'y asseoir, je vis ainsi la deuxième partie du spectacle.
Etrangement, ce fut à la fois beaucoup mieux pour les yeux, l'attention, et la participation
spirituelle à la manifestation artistique, et assez dérangeant sur le plan intellectuel: je m'étais
contruit des images mentales des personnages pendant la première partie, qui ne cadraient
plus avec la vision que j'en avais à présent. Les images vues dérangeaient l'intelligence du
scénario de l'opéra, établie auparavant correctement sans vision. Un résultat assez
surprenant pour être mentionné! Je remarquai que le chanteur principal ne semblait pas
correspondre à l'affiche, quoique vu en plongée comme je le voyais, je n'en étais pas si sûre.
Qui était Elvira, Anna, Zerlina? Je repérai Masetto, ouf, et Leporello, et le Commandeur, plus
jeune que Don Giovanni, doté d'une voix grave solennelle à donner la chair de poule à ce
pécheur refusant de changer de vie, jusqu'à ce que des hommes noirs l'emportent malgré lui
dans les coulisses (dans les enfers), pour une éternelle combustion. Fin de l'histoire.
L'opéra s'arrêta là, la lumière s'éteignit, tandis que la salle manifestait son enthousiasme par
des cris et des applaudissements. L'orchestre, les solistes et le choeur étaient excellents,
ce fut un grand bonheur musical. J'ai pris quelques photos floues (la fatigue...) et suis ressortie
pendant les rappels, il était plus un peu moins de 23h: la Tour Eiffel scintillait encore.
Sylvie, blogmestre