J'ai vu hier soir au Théâtre des Champs Elysées un drame lyrique de Claude Debussy, d'après le
poème de Maurice Maeterlinck, Pelléas et Mélisande, dans une mise en scène d'Eric Ruf de la Comédie
Française, avec l'accompagnement musical de l'Orchestre national de France, dirigé par Louis Langrée.
J'avais bénéficié d'un tarif Comédie française (merci !) pour cette place au 2è balcon.
Une fois installée, constatant la gêne d'obstacles visuels (projecteurs), et des places vides alentour, j'ai finalement
passé la première partie de l'opéra sur la même rangée mais plus près de la scène, place V8 je crois.
A l'entracte, j'ai trouvé une meilleure place, restée vacante, au 1er balcon, à l'extrémité du 2è rang.
Ce drame lyrique est en cinq actes et douze tableaux.
Il sera diffusé sur France Musique le 4 juin à 20h.
J'étais enchantée d'entendre à nouveau l'Orchestre national de France, et de découvrir Louis Langrée, que je
connaissais par ses disques. J'ai aussi connu son père, Alain Langrée, qui avait dirigé la chorale A Cœur Joie de
Mulhouse, dont j'ai fait partie pendant dix ans. Alain Langrée revenait nous voir de temps en temps et c'est
avec lui que j'ai appris l'Ave verum corpus de Mozart, dans les années 80.
L'histoire: dans un pays fantasmatique, au bord de la mer, omniprésente, un homme, Golaud,
rencontre une mystérieuse inconnue, Mélisande. Il l'épouse sans la connaître vraiment, puis la
présente à ses parents. En jouant avec son alliance au bord de la mer, Mélisande la perd dans
l'eau. Elle rencontre le frère cadet de son époux, Pelléas, et l'on sent immédiatement que le duo
fonctionne mieux, et nourrit des sentiments réciproques de plus en plus tendres, quoique non
exprimés. Golaud s'en rend compte aussi et se renseigne en interrogeant Yniold, enfant de son
épouse précédente, décédée. Persuadé que Mélisande le trompe avec son frère, Golaud le tue,
puis il la brutalise. Elle meurt de la mort de son amour, et de la brutalitéde son époux,
sans avoir fauté, avec la petite fille qu'elle venait d'avoir de Golaud dans les bras.
Il s'agit d'un de ces drames d'inspiration médiévale, comme les aimait le XIXè siècle. Eric Ruf a fait
le pari d'une mise en scène minimaliste et monochrome: beaucoup de noir, décor, costumes, un peu
de blanc, la robe de Mélisande, virginale à son arrivée et lors de sa mort, les linges du bébé, et, en tache
de couleur, la chevelure rousse de Patricia Petibon qui chante le rôle féminin principal, augmentée et
allongée pour l'occasion. En myope ordinaire que je suis, tout ce noir vu de loin avait quelque chose de fatigant,
empêchant de distinguer les contours et les personnages, qui ne ressortaient pas sur le fond, sauf Patricia Petibon.
Symboliquement, le texte parlant beaucoup de clarté et d'obscurité, le parti pris du noir se justifiait.
Le drame s'annonçait dès le titre, et la constatation que l'époux de Mélisande ne s'appelait pas... Pelléas.
L'accord des voix permettait d'accentuer celui des cœurs. Mélisande peut être chantée par une soprano
ou une mezzo-soprano. Elle était ici inteprétée par Patricia Petibon qui a une voix claire de soprano.
Golaud (ici Kyle Ketelsen) est baryton-basse, et Pelléas (ici Jean-Sébastien Bou) ténor-baryton.
On constate que les choix des chanteurs favorisaient l'harmonie musicale de Mélisande avec Pelléas.
L'enfant Yniold, dont les "petit-père" et "petite-mère" sont datés, était chanté par une soprano, Jennifer Courcier.
L'opéra est un peu déroutant, quand on ne le connaît pas (ce n'était pas mon cas, c'est une œuvre qui avait
beaucoup de succès dans ma famille !), cependant la musique de Debussy est tout à fait belle, les voix l'étaient,
l'orchestre était à son niveau d'excellence habituelle, le chef était formidable, et le drame sentimental
parlait à chacun, avec la terrible méprise finale de l'époux bafoué que l'on sent venir. Une très belle
soirée pour les amateurs d'opéra, que je recommande chaudement, jusqu'au 17 mai. Placez-vous
plutôt près de la scène si vous avez une vision corrigée, vous serez mieux. Nous sommes ressortis vers 23h.
La Tour Eiffel, par delà le Pont de l'Alma, avait un scintillement nocturne prolongé.
Sylvie, blogmestre