Ce 28 avril, il y avait Ton Koopman à la tête de l'Orchestre philharmonique de Radio France.
Alors que les réservations étaient complètes partout, quelques rares places se libérèrent sur le site de la Maison de
la radio. Je me décidai à en acquérir une, la veille du concert, sans encombre, ce qui me surprit, tant je suis habituée
à devoir me battre en ligne... J'arrivai avenue du Président Kennedy sans encombre, en avance d'une demi-heure,
et fis l'emplette d'une boisson sucrée, et d'un petit bouquet de muguet. L'arrivée sur la Maison de la radio
était bordée de narcisses blancs, avec quelques boutons d'or, c'était champêtre et odorant.
Ma place pour la soirée était à la corbeille. Je dus partir à la chasse au programme, il n'y en avait plus
de mon côté. Ma voisine de droite me dit qu'elle avait reçu sa place en don de la part d'une amie, quelques
heures plus tôt dans l'après-midi, nous avons discuté un peu, c'est devenu rare, la plupart des personnes que je croise
ne me parlent plus, sans que je sache pourquoi. Une paria musicale, suis-je devenue. Deux personnes sont
arrivées de l'autre côté de mon siège, des hommes, alors que le concert était sur le point de commencer.
Le programme comprenait en première partie Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau,
et le concerto pour piano et orchestre n°17 de Wolfgang Amadeus Mozart. La deuxième partie
proposait la huitième symphonie de Ludwig van Beethoven.
L'Orchestre philharmonique avait un son particulier ce soir, par adjonction d'un clavecin pour Rameau.
J'aime beaucoup Les Indes galantes, et leurs danses, jouées d'oreille à la flûte à bec quand j'étais
adolescente (un de mes must de l'époque!) Dans la suite originelle de Rameau, constituant l'opéra-ballet
"d'un exotisme de fantaisie" disait le livret, intitulé Les Indes galantes, Ton Koopman avait choisi
7 mouvements, que l'orchestre joua avec brio. J'ai beaucoup aimé cette partie du concert.
Malheureusement, une odeur alcoolisée laissait penser depuis le début du concert qu'un auditeur avait forcé sur
l'apéritif avant le grand auditorium. Contrairement à mon espoir, ça ne s'atténua pas avec le temps, bien au
contraire, et j'attendis avec impatience la fin du concerto de Mozart pour pouvoir changer de place, ce que je fis
à l'entracte avec soulagement. Une rangée était restée vide devant nous, mais elle se remplit à l'entracte.
J'allai nettement plus loin. Je ne crois pas que je connaissais ce concerto de Mozart, créé en 1784.
Il fut joué au piano par Daria van den Bercken, et il est écoutable sur le site de France Musique,
qui a diffusé le concert en direct hier soir, je vais pouvoir le ré-écouter dans de meilleures conditions.
Citons le livret: Mozart écrivant à son père à propos de ses récents concertos: "ils sont très
brillants - sans tomber dans l'inanité - il est des endroits que les connaisseurs peuvent
seuls goûter entièrement, mais de telle façon que les non-connaisseurs ne puissent
se sentir que satisfaits, sans savoir pourquoi"... Subtil Wolfgang.
La pianiste fut très applaudie et reçut des fleurs, puis nous joua un bis délicat.
J'avais migré vers le 1er balcon, pour la deuxième partie du concert. On pouvait voir de ma place à
la corbeille que des sièges y étaient restés vides. Voici l'orchestre, ci-dessus, du haut du premier balcon,
avant-dernière place à gauche de la dernière rangée de face. On respirait mieux à cette place!
J'avais entendu la 8è symphonie de Beethoven en mars, par l'orchestre baroque de Philippe
Herreweghe. L'orchestre philharmonique de Radio France jouait sur instruments modernes, mais
sous la direction d'un chef baroque. La symphonie était très enlevée, brillante, classique sans
héroïsme, mais avec un martèlement final beethovenien bien senti. L'Orchestre philharmonique
de Radio France est un excellent ensemble, musicalement subtil, que je retrouve toujours avec bonheur.
Ton Koopman, que l'on voit sur la photo ci-dessus, était, comme je m'en souvenais, très gracieux et
élégant (dans sa direction également). Nous avons bissé la 8è symphonie, et il a circulé dans les
pupitres des musiciens, pour serrer les mains, manifestement enchanté du concert. Nous aussi !
Nous sommes sortis de la Maison de la radio vers 21h50, la Tour Eiffel scintillait encore.
Sylvie, blogmestre