9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 08:53

Il y avait un concert en 3B hier soir à la Philharmonie, donné par l'orchestre de chambre d'Europe,

sous la direction d'Andras Schiff, pour lequel j'avais pu avoir une place d'occasion.

Bach, Bartok, Brahms
Bach, Bartok, Brahms

J'étais placée au 2è balcon, de biais avec quelques gênes visuelles (pour les photos).

Bach, Bartok, Brahms

Après avoir subi divers déboires, largage de passagers dans le RER et incivilité dans le métro, il faut courir

un peu pour arriver à temps au concert, qui commence par deux extraits de l'Offrande musicale de

Jean-Sébastien Bach. Il s'agit d'un ricercar à 3, suivi d'un ricercar à 6. Le livret me renseigne sur ce

qu'est un ricercar: il s'agit d'une recherche musicale sur un thème donné. Pour Bach, il s'agit de fugues à 3 voix,

puis à 6 voix. Le thème musical avait été fourni au compositeur par le roi de Prusse Frédéric II, au

pianoforte. Bach en fit une partition, dont l'épigraphe est étonnante dans sa formulation: "Je me

souviens aujourd'hui encore de la grâce royale toute particulière qu'il y a quelque temps Votre Majesté me voulut bien

faire en daignant me jouer un sujet de fugue et en me demandant très gracieusement de le traiter... Je décidai alors

de traiter de manière plus achevée ce sujet vraiment royal, et de le faire connaître au monde." Auriez vous cru

que Bach pratiquait avec une telle aisance le langage de cour? Mais revenons aux Ricercar: le premier, à

3 voix, fut joué par Andras Schiff au piano. Selon le livret, même le ricercar à 6 voix serait jouable au clavecin

(deux clavecins?). Le second ricercar fut joué par trois groupes de 2 instruments à cordes: violons,

altos, violoncelles. C'était très virtuose, mais pour moi un peu trop évocateur de l'exercice de virtuosité

musicale, je préfère Bach dans d'autres écritures, plus colorées et plus changeantes.

Bach, Bartok, Brahms

La surprise vint de l'œuvre de Bela Bartók qui suivit, intitulée "Musique pour cordes,

percussions et celesta". L'œuvre date de 1936. Bartók partage avec le chef d'orchestre de la soirée,

Andras Schiff, la nationalité hongroise, ce qui est intéressant pour l'interprétation. Voici la couleur

dont les Ricercar de Bach étaient un peu dépourvus ! L'orchestre, pour cette œuvre est composé d'un

double quintette à cordes, d'une harpe, de multiples percussions (xylophone, tambours, cymbales,

tam-tam, grosse caisse, timbales), d'un piano et d'un celesta. L'œuvre comprend quatre

mouvements: andante, allegro, adagio, allegro molto. Les deux mouvements lents, le premier et

le troisième, sont étranges, oniriques. Mais les deux mouvements rapides sont une explosion

d'énergie musicale, particulièrement le deuxième, qui m'enchante ! Toutes les sonorités sont explorées,

les violons en pizzicati, ou en glissando (ça ne doit pas s'appeler ainsi pour un violon...), les notes

argentines du celesta, les percussions de toute nature qui ponctuent, et même un passage à

4 mains au piano, pendant lequel la celestiste partage le tabouret du pianiste.

Cette œuvre est superbe, et superbement jouée. Elle est très applaudie. Le chef est très souriant,

il serre les mains de tous ses musiciens (une quarantaine) et fait la bise à plusieurs dames.

Bach, Bartok, Brahms

Le concerto n°2 de Johannes Brahms pour piano et orchestre, en si bémol, a été créé à

Budapest en 1881. Il comporte une bizarrerie: quatre mouvements au lieu des trois mouvements

habituels. Le mouvement surnuméraire est le deuxième, et il s'agit d'un scherzo, ce qui rapproche

ce concerto d'une symphonie. Comme il arrive parfois, un seul mouvement de ce concerto m'est vraiment

connu, reconnu dès les premières notes c'est précisément ce scherzo. A-t'il été utilisé seul dans une autre oeuvre?

Je n'ai pas trouvé. A la création du concerto, Brahms était au piano. Andras Schiff était au piano et

à la direction, c'est-à-dire qu'il jouait, puis dirigeait les musiciens du regard ou d'un mouvement de tête.

Cette direction minimaliste fonctionnait très bien, ce type de "détail" révèle l'excellence d'une formation musicale.

Dans le finale, il se permit un peu plus de mouvement, se levant de son piano pour diriger

brièvement, et tout à la fin, dirigeant depuis le piano. Son jeu au piano était tout aussi brillant que

celui des musiciens qui lui donnaient la réplique, il y avait eu une répartition de la double tâche

du chef entre une autonomie plus grande des musiciens quand c'était possible, et une reprise

en mains du chef quand il n'était pas sollicité par le solo. Très réussi !

Bach, Bartok, Brahms

Le concerto pour piano fut lui aussi très applaudi. Dans le 4è mouvement, il y avait de la danse, et

de la campagne, et je me souvins que peu avant l'ouverture de l'Europe de l'Est, en 1988, j'avais été en

Hongrie, accompagnant un chœur strasbourgeois qui se rendait au Festival Europa Cantat à Pècs. Nous avions été

invités dans un village, pour chanter le dimanche dans l'église, et avions ensuite déjeuné sur l'herbe, avec nos

hôtes et goûté le Tokay local. C'était chaleureux et généreux.  Andras Schiff me faisait le même effet:

chaleureux et généreux. Il refit le tour des musiciens, serrant les mains, félicitant chacun, sous

les applaudissements. Craignant d'autres désagréments au retour, je partis vers 22h45,alors que le chef

d'orchestre s'était remis au piano pour un bis, dont je pris une ultime photo (ci-dessus) du fond de la salle.

J'arrivai chez moi aux alentours de minuit.

 

Sylvie, blogmestre

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