Samedi soir, 25 mars, je suis allée entendre Daniel Harding au Théâtre des Champs-Elysées dans une
symphonie de Schumann, et des pièces de Schoenberg et Berlioz, interprétées par le Gustav Mahler
Jugendorchester . Voici le billet de concert du Théâtre des Champs Elysées, retiré sur place. Partie
de chez moi vers 18h40, il y avait 20 minutes d'attente pour la correspondance entre les RER B et C .Changeant
d'itinéraire, je pris la ligne 1 à Chätelet, qui (pas de chance!) fut bloquée par un problème technique entre Châtelet
et la Défense! Un troisième itinéraire me permit enfin d'atteindre la rue Montaigne, où j'arrivai un quart d'heure avant
le début du concert. Heureusement que j'avais de l'avance! D'autres auditeurs mirent plus de temps pour arriver...
J'ignore si c'était dû à la panne de la ligne 1 du métro, mais le premier balcon côté cour avait des places vides,
mieux situées que la mienne, dont une juste au-dessus de la scène, la dernière du 2è rang, où je me suis installée.
Ci-dessous, le Gustav Mahler Jugendorchester, avant le début du concert. Cet orchestre de jeunes
musiciens de moins de 27 ans fut créé à Vienne en 1986 à l'intiative de Claudio Abbado, dont
Daniel Harding sera, dix ans plus tard, assistant au Philharmonique de Berlin. L'orchestre est ouvert
aux jeunes de toute l'Europe et reçoit chaque année environ 2000 candidatures! Considéré comme l'un
des meilleurs orchestres de jeunes, il est placé sous le patronage du Conseil de l'Europe.
La première partie du concert commençait par cinq pièces pour orchestre d'Arnold Schoenberg,
composées en 1909, dans lesquelles le compositeur rejetait toute forme et tout symbole, cohérence
et logique et souhaitait en finir avec l'harmonie. Il expliqua à Richard Strauss que ses pièces n'étaient
qu'une suite bariolée de couleurs, rythmes et atmosphères. Strauss lui répondit poliment que le public
berlinois n'était pas prêt à entendre des expériences sonores aussi osées... Finalement, les 5 pièces
seront créées à Londres, en 1912. A part ses oeuvres d'inspiration romantique, Schoenberg me laisse
un peu perplexe. Cependant, j'ai aimé le fracas de ces compositions sans logique, admirant que l'on
puisse jouer sans harmonie, dans une écriture dépourvue de classiques "repères" musicaux.
La deuxième sous-partie de la première partie du concert était "Les nuits d'été" de Hector Berlioz, six
mélodies écrites sur des poèmes de Théophile Gautier, et chantées par le baryton Christian Gerhaher.
J'avais eu une semaine Berlioz, comme vous pouvez le constater, de la Symphonie fantastique aux
Nuits d'été, en passant par Béatrice et Benedict ! Mais ce n'était pas le Berlioz flamboyant de la
symphonie, ni le Berlioz farceur de l'opéra comique, qui avait composé ces nuits d'été. Le recueil de
poèmes de Gautier dont les extraits mis en musique sont issus est intitulé "La comédie de la mort",
ce qui donne le ton... Le Berlioz compositeur de ces nuits me parut plutôt déprimé, et l'oeuvre très
sombre. Curieusement, la lecture des poèmes de Théophile Gautier ne me cause pas la même
impression neurasthénique. La musique de Berlioz accentue le côté mortifère de l'écriture.
C'était très beau, mais très triste!
La deuxième partie du concert était constituée de la deuxième symphonie de Robert Schumann
La première partie avait été belle, mais la symphonie, dirigée par ce spécialiste de Schumann qu'est
Daniel Harding, fut splendide.. Je remarquai qu'il avait dirigé la première partie avec partitions,
Schoenberg à la baguette, Berlioz sans, qu'il avait repris sa baguette pour Schumann, et que sa
partition de la symphonie resta fermée: il la savait par coeur. Connaître une oeuvre par coeur permet de se
concentrer sur autre chose que sur la partition, c'est particulièrement utile dans les mouvements rapides, car le
temps que la vision de la partition parvienne au cerveau peut faire perdre de la vitesse à l'exécution musicale.
Cette symphonie, créée à Leipzig en 1846, fut écrite après une maladie du compositeur, qui était
à peine convalescent quand il commença son écriture. La première partie serait déchirante, et
l'oeuvre irait vers la renaissance, mouvement après mouvement. Je n'ai rien remarqué, j'ai trouvé la
symphonie belle, sensible, romantique, spectaculaire car je surplombais la scène et le chef était
au mieux de sa direction, avec un superbe suivi de l'orchestre dont il faisait ce qu'il voulait.
Quand il baissa les bras, après une époustouflante traversée des angoisses et de la
résurrection schumannienne, le public les ovationna (voir la petite vidéo des saluts ci-dessous)
et les jeunes musiciens se tombèrent dans les bras les uns des autres !
Nous sommes ressortis du Théâtre vers 22h, deux gros cars attendaient dans l'avenue Montaigne
pour ramener les jeunes musiciens à Vienne. Le retour en métro et RER se passa sans incident!
Sylvie, blogmestre