8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 09:34

Hier soir, en la cathédrale Notre-Dame de Paris, il y avait un concert de musique baroque, intitulé

"La Passion selon Buxtehude", dont le titre m'intriguait. En effet, usuellement, on emploie un nom

d'évangéliste pour le texte de la Passion, pas celui du compositeur. J'allai écouter de quoi il retournait.

Passion selon Buxtehude

Sur la couverture du livret, qui comprenait tout le texte chanté, il y avait la statue de Marie devant

la croix avec son fils sur les genoux, qui est au fond du choeur de la cathédrale.

Passion selon Buxtehude

Le concert était interprété par le choeur d'adultes de la Maîtrise Notre-Dame de Paris, et les

élèves du département de musique ancienne du Conservatoire de Paris, dirigés par Henri Chalet.

Il y avait une estrade à l'avant du choeur pour les instruments, qui me dissuada de me placer sur le côté devant,

où d'ailleurs, personne ne s'était placé. Je m'assis dans les chaises latérales droites, afin d'avoir une vue d'ensemble.

Ci-dessous, le choeur et l'orchestre avant le début du concert:

Passion selon Buxtehude

La Passion selon Buxtehude est une cantate, et s'appelle Membra Jesu nostri. Elle est composée

de 7 parties, correspondant aux sept plaies du Christ en croix. Chaque plaie, des pieds à la face, en

passant par les genoux, les mains, le flanc, la poitrine et le coeur fait l'objet d'un poème chanté.

 

 

Buxtehude était un luthérien allemand, organiste et compositeur du XVIIè siècle, qui se situait

chronologiquement entre Heinrich Schütz et Johann Sebastian Bach, deux références en matière

de Passions. Bach fut son élève, et comme Buxtehude vivait à Lübeck, il parcourut à pied 400km

pour le rejoindre... Les textes de l'oeuvre musicale sont extraits d'un recueil  de poèmes spirituels

du XIIIè siècle, attribués à un moine cistercien, Arnulf de Louvain, sous le titre "Oratio rythmica".

Musicalement, chaque poème alterne l'aria et le choeur, des choristes solistes chantent un ou

deux vers, le choeur en chante d'autres, avec une introduction instrumentale... ou non.

Bien que la musique soit baroque, la manière de chanter les vers, psalmodiant les syllabes,

rappelle la musique du XIIIè siècle. C'est une combinaison inattendue, par delà la Renaissance.

Voici un court extrait vidéo de "Ad genua" (à ses genoux):

 

 

 

Le concert était hautement spirituel, comme le sont habituellement, en la cathédrale, les concerts

de musique médiévale, sans interruption, sans applaudissements intermédiaires, que du silence et

du recueillement, et cette très belle musique, qui, malgré la douleur du propos, nous éclairait.

Ci-dessous, un extrait de "Ad latus" (à son flanc)

 

 

La place que j'occupais parmi d'autres personnes explique l'emploi du petit appareil photo, plus discret,

mais la qualité en souffre un peu. Je suggèrerais volontiers à l'association Musique sacrée à Notre-Dame de Paris

d'enregistrer en vidéo de tels concerts, d'autant que l'oeuvre n'est pas si connue du grand public.

 

En guise de conclusion, voici une partie du texte du dernier poème "Ad faciem" (à son visage):

"Salve, caput cruentatum, totum spinis coronatum, conquassatum, vulneratum, arundine verberatum,

facie sputis illita", sa traduction française: "Je te salue, tête ensanglantée, toute couronnée d'épines,

brisée, blessée, frappée du roseau, visage souillé de crachats", et le texte de la Passion selon

Saint Matthieu de Bach "O Haupt voll Blut und Wunden, woll Schmez und wohler Hohn,O Haupt,

zum Spott gebunden mit einer Dornenkron,O Haupt, sonst schön gezieret mit höchster Ehr und Zier",

issu d'un psaume, et repris plus tard par Liszt dans son Via Crucis.  L'ensemble de l'oeuvre

se concluait par une polyphonie composée d'amens, qui fut bissée, dont voici la fin:

 

 

 

Le concert était splendide. Les voix étaient, comme toujours, très belles, la musique était

extraordinaire, et les instruments anciens apportaient la touche historique qui nous transportait

dans les siècles passés. Bravo! Je suis désolée d'avoir dû me décaler vers un pilier, ce qui m'a privée de

quelques choristes à l'image... Mes félicitations à la dernière soliste alto, dont la voix m'a beaucoup impressionnée.

J'avais emporté des photos d'un concert médiéval précédent pour les donner à Sylvain Dieudonné, que j'ai

aperçu de loin quand il est arrivé, et perdu de vue ensuite, je suis donc repartie avec les photos...

Je pourrai les apporter à nouveau et les remettre dimanche prochain, entre 11h et 11h30.

Le concert s'est terminé vers 22h50, je suis rentrée chez moi à une heure raisonnable!

 

Sylvie, blogmestre

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