Hier soir, j'ai vu Fantasio au Théâtre du Châtelet. Fantasio est un opéra comique de Jacques Offenbach
qui a subi un sort tragique... Au départ, il s'agissait d'une comédie en deux actes d'Alfred de Musset,
écrite en 1836, mais qui ne sera créée qu'en 1866, après la mort de l'auteur. Paul de Musset, frère
d'Alfred écrira un livret d'opéra en trois actes à partir de cette comédie, qui sera mis en musique par
Offenbach en 1872. L'accueil de cette oeuvre, différente des opérettes produites par l'auteur jusque là,
n'est pas très enthousiaste. Elle sera jouée et chantée 14 fois, puis disparaîtra des scènes et des
bibliothèques. Pour être redécouverte au XXè siècle, dans une version allemande, puis en français, et
recréée au XXIè siècle. L'opéra d'Offenbach, tout neuf, est actuellement donné au Théâtre du Châtelet,
en place de l'Opéra comique, qui est en rénovation, jusqu'à la fin du mois de février 2017.
Heureusement, je n'étais pas partie tardivement, car des farceurs (?) avaient ôté le fléchage dans les sous-sols
du métro de la station Châtelet, ou quelque chose de ce genre... je suis sortie rue de Rivoli à 500 mètres
du théâtre, et bien contente de ne pas m'être retrouvée aux Halles sans l'avoir fait exprès.
J'avais une place de catégorie 4, corbeille côté jardin, à proximité de mon pilier favori en ce théâtre,
mais pas trop près quand même, pour raison de visibilité!
Voici le théâtre vu depuis ma place (même refaite, la photo a une couleur étrange!)
Le scénario est léger, on est entre l'opérette et l'opéra. Fantasio a été créé par Offenbach 9 ans avant
les Contes d'Hoffmann, entre deux opérettes. Il a de l'opérette le côté bouffon et l'humour du compositeur.
Il a de l'opéra une écriture vocale plus exigeante, et davantage d'introspection dans les caractères
principaux. Il a de l'opérette la conclusion heureuse, et l'absence de tragédie. Il est l'oeuvre d'un
compositeur qui doit son succès aux oeuvres légères et qui aimerait changer de genre en douceur...
Vous imaginez l'excitation du mélomane qui vient découvrir un opéra d'Offenbach inconnu...
Voici l'histoire: Fantasio est un jeune bourgeois bavarois, étudiant blasé et mélancolique, romanesque.
Il y a la guerre entre le royaume de Bavière et la principauté de Mantoue, et le roi de Bavière envisage
de marier sa fille Elsbeth au Prince de Mantoue pour obtenir la paix. Celle-ci rêve et entend les rêveries
de Fantasio par hasard, et réciproquement. Elsbeth était très proche du bouffon de son père, qui vient
de décéder. La place étant vacante, Fantasio décide de l'occuper, et s'habille en fou du roi. Le Prince
de Mantoue arrive en Bavière pour les fiançailles, et imagine d'échanger son costume de muscadin
avec l'habit militaire de son aide de camp, pour tenter de séduire Elsbeth par son seul charme.
Le stratagème échoue lamentablement, d'autant que Fantasio, dans son rôle de bouffon, a chipé la
perruque du crâne de l'aide de camp déguisé en Prince de Mantoue... Enfermé dans une geôle, il est
visité par Elsbeth qui lui est reconnaissante de lui avoir évité ce mariage, et de s'être sacrifié pour
elle. Le Prince de Mantoue cherche comment ne pas perdre la face après avoir perdu sa perruque.
Finalement, après avoir déclaré la guerre à la Bavière, il décide de faire la paix, sans mariage.
Le roi de Bavière fait Fantasio Prince, et Elsbeth nourrit de doux sentiments pour lui.
Ci-dessus, la troupe sur la scène du Théâtre du Châtelet hier soir, lors de l'annonce de la bonne
fortune de Fantasio, sous une pluie de confetti, dont tout le théâtre a été destinataire!
Sur le plan vocal, Fantasio est une mezzo-soprane... A mon avis, ce fut l'une des causes du peu de
succès de l'opéra lors de sa création. Si Offenbach avait écrit le rôle pour un ténor, il se serait
probablement moins heurté à l'incompréhension (quel est l'intérêt de la mezzo-soprane de préférence
à un ténor, en 1872?) Marianne Crebassa, qui tient le rôle dans l'opéra présenté au Théâtre du Châtelet,
a une très jolie voix. Elle est grimée et habillée en garçon androgyne, ambigu. Mais sa voix n'est pas
androgyne, c'est clairement une voix de femme. Personnage ambigu donc, que ce Fantasio.
L'Orchestre philharmonique de Radio France accompagnait les chanteurs, sous la direction de
Laurent Campellone. La mise en scène était de Thomas Jolly, et Elsbeth était interprétée par
Marie-Eve Munger, très belle voix de soprano. Le choeur était chanté par l'ensemble Aedes.
Voici toute la troupe à la fin du spectacle, depuis ma place. Fantasio est en pull rayé, avec un bonnet
jaune à clochettes sur la tête, c'est celui à qui le chef d'orchestre baise la main... (ambiguïté, quand tu nous tiens! :-)
Elsbeth est en blanc, le roi porte une couronne, le Prince a un habit vert et tient la main de Fantasio (bis repetita...)
C'était une découverte très plaisante et agréable à l'écoute que cet opéra nouveau d'Offenbach.
Il a été enregistré par France-Musique, qui le diffusera ce soir, 19 février 2017, à 19h.
Une très belle soirée, je recommande chaudement les représentations suivantes!
A défaut, vous pouvez l'écouter sur France-Musique et il sera disponible sur Culturebox
de France Télévisions à partir du 22 février. Nous sommes sortis vers 23h, et je suis repartie
par la Seine, pour éviter de me perdre à nouveau dans les couloirs du métro Châtelet.
Sylvie, blogmestre