10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 08:08

Concert émotion hier soir au grand auditorium de Radio France, où Daniele Gatti faisait ses adieux à

l'Orchestre National de France qu'il a dirigé depuis 2008, et au public qui l'a accompagné pendant

toutes ces années (ou un peu moins pour les arrivées plus récentes, comme la mienne).

Bravo maestro!

Dès que j'ai pris le métro à Denfert-Rochereau, je l'ai trouvé anormalement bondé pour l'heure, avant de comprendre, comme

il ne désemplissait pas et avait plutôt tendance à s'engorger, que c'était la ligne desservant le Champ de Mars où avait lieu

un méga-concert de DJ vedette, organisé en plein état d'urgence (?!) dans une capitale remplie de poubelles pleines.

L'avenue du Président Kennedy était un grand bazar, totalement bloquée des deux côtés par de trop nombreux véhicules,

et les deux-roues n'hésitaient pas à rouler sur le trottoir, en frôlant les passantes qui révisaient Cherubini en chemin.

Flammis acribus addictis! Du coup, la file d'attente devant la Maison de la radio était moins longue que d'habitude...

Bravo maestro!

Voici le grand auditorium vu de ma place à 19h55, l'assistance était encore très clairsemée.

Il s'est rempli par la suite, et nous avons commencé en retard. Des personnes sont encore arrivées

pendant la première partie, probablement retardées par les encombrements.

L'Orchestre National de France, 9 juin 2016

L'Orchestre National de France, 9 juin 2016

Ci-dessus, l'Orchestre National de France, dans sa formation d'hier soir. Conséquence intéressante du retard

des autres spectateurs: même au 2è balcon, avec mon arrivée peu avant 20h, j'ai eu un programme. D'habitude l'heure et la

hauteur font qu'il n'y en a plus. Un très beau programme, avec une interview de Ganiele Gatti et de belles

photos. Ce beau programme annonçait la 3è symphonie d'Arthur Honegger, dit "Symphonie liturgique"

et la cantate "Alexandre Nevski" de Serguei Prokofiev, séparées par un entracte.

 

La 3è symphonie de Honegger fut créée à Zürich en 1946. Elle est dite "liturgique" car elle comprend

trois mouvements qui portent des noms issus de la liturgie chrétienne, évoquant la mort, les enfers, les

tourments éternels, la paix et le repos de l'âme: Dies irae, De profundis clamavi, et Dona nobis pacem.

Une symphonie en 3D (pardon, ça m'a échappé!), qui s'est révélée très belle et très intéressante à regarder-

écouter. J'appréhendais un peu Honegger, dont une partie de l'oeuvre m'est impénétrable, mais j'ai bien aimé cette

symphonie pleine de bruit et de fureur, de percussions, gong, coups de cimbales, apaisée sur la fin.

Cette symphonie a été composée par un musicien hanté par le conflit mondial qui venait de s'achever lors

de sa création. Il y a laissé s'exprimer son pessismisme et son inquiétude sur l'avenir de l'humanité.

La fin pacifiée est un hymne à la paix, victoire des forces de l'esprit sur la destruction.

Bravo maestro!

Ci-dessus le Choeur de Radio France, qui a participé à la cantate de Prokofiev, en deuxième partie

du concert. Il était dans la corbeille choeur, et je n'en voyais que les deux-tiers de ma place.

La cantate "Alexandre Nevski" a été créée en 1939 à Moscou. Alexandre Nevski était Prince de Novgorod

au XIIIè siècle, qui s'était battu contre l'Ordre des chevaliers teutonniques, et en avait triomphé, ce qui en 1939

prenait tout son sel. C'était avant la signature du pacte germano-soviétique! Le cinéaste Sergueï Eisenstein

avait réalisé un film intitulé "Alexandre Nevski" en 1938, donnant dans l'exaltation patriotique et la

propagande, dont Prokofiev avait composé la musique. La cantate entendue hier soir était un arrangement

de concert de la musique écrite pour le film d'Eisenstein. Elle était divisée en sept mouvements, dont l'un

s'intitule "Debout, peuple russe!", ce qui donnait le ton de l'ensemble. Dans le livret du concert, on trouvait

les paroles de la cantate, quelle bonne idée! Pour le style choral, on était dans la musique populaire

russe de l'époque, plus près des chants de l'Armée rouge que de la liturgie orthodoxe, mais écrite par Prokofiev,

c'est à dire une magnifique partition, superbement interprétée par le Choeur de Radio France,

et la soliste mezzo-soprano Olga Borodina. On retrouvait dans l'oeuvre de Prokofiev le bruit et la fureur

déjà évoqués dans celle de Honegger, avec abondance de percussions.

Une unité d'expression, pour un très beau concert.

 

On a senti l'émotion pendant toute la soirée, tant de la part du chef, que des musiciens et du public.

Dernier concert de Daniele Gatti au grand auditorium de la Maison de la Radio. Le public s'est

exprimé par les mains, comme il est autorisé à le faire, et le chef aussi, très sobrement.

Ci-dessous les adieux de Daniele Gatti, de son orchestre, et de son public, en ce soir du 9 juin 2016:

 

 

Une page qui se tourne pour l'Orchestre National de France. Nous sommes ressortis un peu après 22h,

l'avenue du Président Kennedy avait repris une allure normale, et la Tour Eiffel brillait doucement dans le crépuscule.

Les bateaux-mouches avaient survécu à la crue, solidement amarrés, en chômage technique.

 

Sylvie, blogmestre

Tour Eiffel et Seine vues du Pont de Bir-Hakeim, 9 juin 2016

Tour Eiffel et Seine vues du Pont de Bir-Hakeim, 9 juin 2016

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