4 mai 2016 3 04 /05 /mai /2016 08:23

Il y avait hier soir concert extraordinaire en la cathédrale Notre-Dame de Paris, dont le parvis

s'ornait d'une longue file polyglotte de postulants à l'entrée. Toute la communauté britannique parisienne

semblait s'être donné rendez-vous dans la nef pour le concert du Parliament Choir, qui rassemble des

députés des deux chambres du Parlement du Royaume Uni, et des personnes y travaillant.

Poulenc, Gounod, Williams, Howells, O'Neill

Ce qui faisait environ une centaine de choristes (il y avait une grande photo dans le programme).

L'orchestre, le Southbank symphonia, était composé d'une trentaine de musiciens.

Notre-Dame était en disposition retournée. Je trouvai une place au troisième rang latéral.

L'orchestre sur son estrade, à l'arrière de la nef

L'orchestre sur son estrade, à l'arrière de la nef

Le programme se composait de deux grosse pièces majeures françaises, de deux pièces anglaises

plus petites, et d'une création anglaise néo-médiévale à la gloire de Notre-Dame de Paris.

Le concert s'ouvrait donc sur le Gloria de Francis Poulenc, qui était suivi de deux pièces de

Ralph Vaughan Williams et de Herbert Howells, puis d'une création de Nicholas O'Neill,

Tu es Petrus, et se terminait par la Messe solennelle de Sainte-Cécile de Charles Gounod.

Poulenc, Gounod, Williams, Howells, O'Neill

Dans le texte de présentation du livret du concert, rédigé par Nicholas O'Neill, je retrouvai les souvenirs qui

me restaient du Gloria de Poulenc, que j'ai chanté en choeur de 300 choristes devant quelques milliers de personnes dont un

président et un chancelier en exercice, sous la baguette de Theodor Guschlbauer, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une oeuvre

mi-religieuse, mi-amusée, comme en témoigne ce "lauda... lauda... laudamus te! " qui clôt le Laudamus te où les

pupitres semblent se renvoyer une balle de l'un à l'autre. Ci-dessous le début du Laudamus te:.

 

 

Nicholas O'Neill écrivait que Poulenc "n'est sûrement pas un compositeur léger, même s'il se prend

lui-même rarement au sérieux". Ce Gloria, qui m'avait semblé difficile à l'époque où je l'ai appris, par son balancement

entre deux tonalités m'a paru beaucoup plus simple hier soir, côté choristes. La partie de soprano solo recèle en

revanche quelques pièges subtils que notre interprète d'hier soir, Ilona Domnich, a évités avec grâce.

Voici un extrait du Qui sedes ad dexteram Patris, où l'on entend bien les modulations de tonalité:

 

 

Le Gloria, qui était le morceau de bravoure du concert, fut très applaudi. Je verrais bien la Maïtrise d'adultes

de Notre-Dame dans cette oeuvre... Les Cinq variations sur Dives et Lazare qui suivirent mettaient en scène

harpes et cordes sur une pièce folklorique anglaise, sans choeur, une oeuvre très agréable à écouter.

Suivit un choeur de Howells, "Behold O God our defender", écrit en prévision du couronnement

d'Elisabeth II en 1952, puis vint "Tu es Petrus", une création de Nicholas O'Neill.

 

Ce concert à Notre-Dame de Paris était sa seconde exécution. L'auteur a qualifié Notre-Dame

de "lieu béni musical dont l'importance est immense pour tout compositeur féru d'histoire". Il faisait

allusion à la toute première polyphonie grégorienne à voix indépendantes, qui fut composée par Perotin

de l'Ecole de Notre-Dame il y a huit cents ans (que l'ensemble vocal me corrige si je me trompe), ouvrant la voie

à toute la musique polyphonique occidentale. Perotin est un diminutif de Pierre, Petrus en latin, comme

Pierre le disciple sur qui l'Eglise catholique serait bâtie, d'où le nom "Tu es Petrus" de la composition

de Nicholas O'Neill, considérant Perotin comme la pierre sur laquelle la polyphonie moderne était bâtie.

J'ai trouvé l'hommage à la cathédrale et aux premiers compositeurs de polyphonies touchant.

 

 

Poulenc, Gounod, Williams, Howells, O'Neill

Pour terminer, le second gros oeuvre de la soirée, la Messe solennelle de Sainte-Cécile de Gounod,

comprenant Kyrie, Gloria, Sanctus, Benedictus, et Agnus Dei. Insolite: l'Agnus Dei comprenait des paroles

supplémentaires "Domine, non sum dignus...", par rapport au texte habituel de cette pièce. La partition du choeur

semblait plus simple que celle du Gloria de Poulenc, mais celle des trois solistes, soprano, ténor et

baryton était très élaborée. Je ne connaissais pas cette oeuvre, ce fut une découverte. L'oeuvre fut créée

en 1855 pour la Sainte-Cécile, en l'église Saint-Eustache. Selon le livret, cette oeuvre de Gounod

porte "toutes les caractéristiques de l'opéra", ce qui doit être la raison de la prééminence des parties de solistes

sur les parties du choeur, en termes de difficulté musicale. Saint-Saëns pensait que cette messe

survivrait mieux que les opéras de Gounod, mais Faust lui donna tort!

Voici une photo du chef Simon Over, et de deux solistes:

Simon Over, Ilona Domnich, David Webb

Simon Over, Ilona Domnich, David Webb

Ce fut un beau concert. J'ai aimé la simplicité de ces parlementaires anglais (le pupitre de basses

comptait plusieurs Lords et plusieurs Sirs, et les sopranes et alti plusieurs Baronesses), venant nous chanter

de la musique française à domicile, un hommage d'une élégance toute britannique.

 

Sylvie, blogmestre

Le dispositif de gradins vu du fond de la nef

Le dispositif de gradins vu du fond de la nef

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commentaires

N
Merci! Pour nous ce concert etait un grand honneur et un grand plaisir. Nous esperons de retourner un jour.
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B
You are welcome, Nicholas. C'est un grand honneur pour moi d'avoir le commentaire d'un des compositeurs du concert. Merci beaucoup!

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