J'ai quand même fini, après deux tentatives infructueuses, par parvenir à entendre les Arts florissants
et William Christie en concert. C'était hier soir à la Philharmonie 2, et le concert s'intitulait
« Airs sérieux et à boire ». J'avais une place à la galerie, tout en haut.
J'ai passé la première partie à la galerie, puis voyant tous mes voisins migrer vers le balcon
d'en-dessous où il restait de la place, je suis descendue aussi.
Il s'agissait d'un concert de petites pièces du XVIIè siècle, d'auteurs français, en français et en italien.
Les auteurs étaient Marc-Antoine Charpentier, Etienne Moulinié, Michel Lambert, et Sébastien Le Camus.
C'est Charpentier qui avait composé une pastorale italienne « Amor vince ogni cosa », dont plusieurs
extraits nous furent proposés, Le Camus et Moulinié faisaient dans le joyeux, et Lambert, élève du
précédent, dans les amours contrariées (y compris par l'excès d'appâts de la dame convoitée...)
Les musiciens et solistes étaient dix. Un violon, un alto, une viole de gambe, un archiluth, un clavecin
(William Christie), une « dessus » (soprano), une « bas-dessus » (mezzo-soprano), un haute-contre
(plutôt contre-ténor), une « taille » (ténor), une basse. Les cinq chanteurs ne se contentaient
pas de chanter, ils jouaient aussi, mimaient, comme dans un opéra miniature.
C'était soit joyeux et enlevé, parfois gaillard, ou mélancolique et douloureux, mais toujours
remarquablement bien joué et chanté, et très agréable à écouter. Les morceaux étaient enchaînés
sans temps mort. J'eus la surprise de découvrir deux chansons où l'une de mes homonymes était
évoquée (j'en connaissais déjà deux, j'ai doublé mon capital de chansons d'homonymes en une soirée !)
Une bergère probablement, il y avait aussi un certain Sylvio, un berger sans doute ! C'était de Lambert,
m'a-t'il semblé, dans le registre passionné douloureux. Dans la pastorale de Charpentier, tout allait bien
au début. Puis un loup arriva dans le scénario et nous eûmes la surprise d'entendre un long hurlement
à la lune, émis par notre célébrité claveciniste, chef d'un ensemble de renommée mondiale.
Malepeste, aurait dit d'Artagnan, voilà qui ne manquait pas de piquant ! Les chanteurs se ruèrent à l'assaut de la
bête féroce. Et, savez-vous ? Ils nous l'ont bissée, la chasse au loup, avec son hurlement introductif.
William Christie hurle très bien à la lune... il faut une sérieuse dose d'humour et de fantaisie pour
casser son image en poussant des cris de bête à un concert classique tout ce qu'il y a
de respectable, j'ai bien ri ! Nous les avons beaucoup applaudis. Voici une photo aux saluts :
Il y avait une séance de dédicaces post-concert de William Christie, pour les disques. La file n'avançait pas, et j'avais
une heure de trajet pour rentrer... J'ai renoncé et bien m'en a pris, un accident sur le RER B avait bloqué les trains,
je suis arrivée chez moi par l'avant-dernier bus, à minuit moins le quart...
Sylvie, blogmestre