Hier soir, j'étais à la Philharmonie de Paris, en sa grande salle, pour un concert Requiem de Brahms,
interprété par la Chambre philharmonique, et le Choeur de chambre Les éléments,
sous la direction d'Emmanuel Krivine.
C'est la première fois que j'étais aussi bien placée, face au choeur et à l'orchestre, au premier balcon.
Comme on peut le voir sur la photo ci-dessous, les musiciens de l'orchestre étaient très nombreux,
et les choristes également. Cependant, les pianissimos étaient effectués vraiment pianissimo,
en dépit du grand nombre des interprètes, avec beaucoup de précision. Il y avait dans le livret quelques
découvertes que je vous transmets, puisque cette oeuvre fait partie de notre répertoire. "Plus que d'un
requiem, il s'agit d'une ode funèbre", en effet, le texte du Requiem allemand n'est pas la traduction
en allemand du Requiem latin (Mozart, Verdi, ...), ce sont des textes en allemand issus de l'ancien
et du nouveau Testament, mis en musique par Brahms. A l'origine, cette ode funèbre comportait
six mouvements, ou six choeurs de notre point de vue de choristes. Brahms en a rajouté un septième,
qui occupe la sixième place dans l'édifice, et qui est le sommet dramatique que nous connaissons,
"Tod, wo ist dein Schnachel? Hölle, wo ist dein Sieg?", et qui tient lieu, avec l'évocation apocalyptique
du jugement dernier par le truchement du "lezten Posaune" (dernier trombone), de Dies irae.
La puissance des instruments et des choristes était remarquable, et emplissait l'immense salle de la
Philharmonie pour donner, dans les fortissimos, la chair de poule à toute l'assistance!
A noter, dans les spécificités de ce concert, très bien interprété, le tempo plus rapide de la fugue
du troisième choeur "Der gerechten Seelen sind in Gottes Hand", plus acrobatique, mais moins
fatigant, et l'accentuation des consonnes, plus longues et plus audibles qu'habituellement,
avec un traîné sur "Schmerz" par exemple. On sentait un effort de diction collectif destiné à la
compréhension du texte, effectivement très clair (quand on le connait déjà!)
Les deux solistes, la soprano Camilla Tilling, et le baryton Rudolf Rosen étaient placés au milieu du
premier rang de choristes, entre les sopranes et les alti, d'où ils chantèrent leurs parties. C'est une
disposition que je n'avais pas encore rencontrée, sauf mémoire défaillante de ma part. Compte tenu de
la puissance du choeur, on pouvait craindre que cette position les désavantage, mais non. Ils n'ont pas
de solo qui ne soit entremêlé de choeur, les mettre au centre des choristes devait être à la fois
plus difficile pour eux, et en même temps le gage d'une bonne harmonisation de l'ensemble.
Emmanuel Krivine très concentré pendant le concert, et très souriant ensuite, dirigea une
interprétation magistrale d'une oeuvre qui est une sorte de monument funèbre romantique.
Sylvie, blogmestre