Hier après-midi, j'ai entendu à la Philharmonie, presque entièrement, un concert intitulé « American
dreams », interprété par l'Orchestre Pasdeloup, dirigé par le chef américain David Charles Abell,
et dont les parties vocales étaient chantés par Liz Callaway, non moins américaine.
A mon arrivée, le Parc de la Villette était ensoleillé et très fréquenté.
Ma place était au 5è étage, et les ascenseurs ne fonctionnaient pas, nous sommes donc laborieusement montés à pied.
Elle était aussi située au milieu d'une rangée, elle-même au milieu d'un bloc, qui se remplirent de public.
La scène était dans la même disposition que pour le concert de jazz de la semaine dernière,
en retrait par rapport à sa position habituelle, ce qui donne une visibilité moins intéressante aux
spectateurs assis au 2è balcon, mais enfin, un orchestre est un orchestre, même entre
quelques barres. Voici le programme qui nous a été proposé :
En le lisant, Thaïs, Sheherazade, et Carmen m'ont paru insolites au milieu du reste du programme.
Que venaient faire Massenet, Rimski-Korsakov, et Bizet dans un concert de musique de films américains ?
Et que penser de la musique française des "Misérables", comédie musicale qui a eu un grand
succès international après sa traduction en anglais, mais reste, à la base, du Victor Hugo?
Quid du rêve américain? Le chef d'orchestre nous expliqua que ce concert entrait dans le cycle
féminin de la Philharmonie, et que chaque pièce jouée concernait une femme, et notamment ces
quatre-là: Thaïs, la courtisane, Sheherazade, la conteuse aux mille et une histoires, Carmen, la gitane
fatale au regard de braise... et Fantine, la mère courage, avec sa petite Cosette sous le bras.
Les autres femmes mentionnées étaient Audrey Hepburn, Barbra Streisand, Adele, et une ou deux
autres célébrités, mais je notai l'absence de mention de Vivien Leigh / Scarlett O'Hara pour "Autant en emporte le vent",
dont la musique somptueuse figurait au programme, film qui détint pendant des années le record mondial du nombre
d'entrées cumulées. Fantine la sous-prolétaire devait se sentir un peu marginale dans cette très sélecte assemblée.
J'ai une sympathie particulière pour l'Orchestre Pasdeloup, entendu pour la première fois le 14 novembre 2015,
au lendemain des attentats, dans une salle désertée au trois-quarts par ses auditeurs, la sympathie de ceux qui continuent
ensemble. Je les avais entendus à nouveau dans "Singin' in the rain" au Théâtre du Châtelet, et avais noté qu'ils excellaient
autant dans Mozart que dans la comédie musicale. Le concert "American Dreams" confirma cette opinion,
l'Orchestre était aussi remarquable et à l'aise dans Rimski-Korsakov ou Bizet, que dans Gershwin
ou Mancini. Mention spéciale au violoniste Arnaud Nuvolone, qui nous a joué un solo éblouissant
de finesse dans Sheherazade. La chanteuse Liz Callaway, qui a une voix étonnante (j'ai appris par le livret que
c'est elle qui a chanté Grizabella dans "Cats" pendant cinq ans à Broadway, rôle pour lequel j'avais évoqué l'enregistrement très
connu de Barbra Streisand ). Le chef David Charles Abell était très sympathique et parlait très bien français!
Il dirigeait avec beaucoup d'entrain et de dynamisme.
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Sylvie, blogmestre