12 février 2016 5 12 /02 /février /2016 11:29

Il y a actuellement, et jusqu'au 14 février, à la Maison de la Radio, un festival de création musicale

italienne, Oggi Italia ! Cet événement est accessible en faisant l'acquisition d'un passe et en choisissant les

concerts auxquels l'on souhaite assister (si vous réservez en ligne, je vous conseille de choisir les concerts

d'abord, puis d'acheter le passe, que l'on vous imposera pour conclure la transaction).

Hier soir, j'assistai au concert n°8 du Festival, il s'agissait de musique contemporaine.

Billet pour l'Italie aujourd'hui!

Billet pour l'Italie aujourd'hui!

La population dans l'auditorium était regroupée au parterre et en corbeille, où je m'installai, du côté

des premiers violons. Le programme m'était complètement inconnu, c'était une soirée découverte.

Le concert commençait par une pièce de Marco Stroppa, intitulée « Metabolai », qui relevait de la

musique expérimentale, et des sons alternatifs que l'on peut obtenir à partir des instruments de musique.

Ainsi, nous vîmes deux hautboïstes utiliser leurs instruments sans l'anche, ce qui produit des bruits d'air,

puis faire claquer les clapets des-dits instruments sans souffler dedans (le bruit de clapet est un son dont on

se passerait volontiers, quand on joue d'un instrument à vent!), mais aussi un bel envol de timbales. Vint ensuite

une pièce plus articulée de Stefano Gervasoni, intitulée « Un leggero ritorno di cielo », pour 22 cordes.

Le compositeur qui était présent dans la salle nous parla de Bach qui avait inspiré son œuvre, et nous

chanta même quelques mesures de la cantate particulière où il avait puisé l'inspiration. Il parlait français

avec un charmant accent italien, et expliqua qu'il avait fait chuter la cantate. Les cordes jouèrent l'oeuvre

dans un registre aigu, avec effectivement une impression de chutes répétées, j'y ai aussi

décelé des expressions animales, chats et mouches, mais c'est peut-être mon imagination !

Le compositeur Stefano Gervasoni devant les violons

Le compositeur Stefano Gervasoni devant les violons

La troisième œuvre était encore plus construite, et s'appelait « Times like that », de Ivan Fedele, qui

était dans la salle et monta sur scène lui aussi. L'orchestre était au complet, avec une soliste soprano,

Valentina Coladonato, qui pouvait chanter très aigu super pianissimo, ce qui emporte toujours mon respect. Ivan Fedele

nous expliqua que l'oeuvre était pour soprano et orchestre, la partie de la soprano consistant en textes en

anglais de Lech Walesa, Barak Obama, et Aung San Suu Kyi. J'aime beaucoup celui-ci, du président Obama :

« It's easy to sing when times are good. But hard to sing in the face of taunts, and fear, and the constant threat of violence,

amidst the deafening silence of inaction. » La soprano était gracieuse et talentueuse et fut applaudie et rappelée.

La soprano Valentina Coladonato

La soprano Valentina Coladonato

Après l'entracte, nous écoutâmes la création mondiale d'une commande de Radio France à Alberto Colla,

intitulée « Sérénade sur la modulation des vents ». Le compositeur était dans la salle et monta lui aussi

sur scène, mais il ne parlait pas le français, et la présentatrice du concert ne parlait pas l'italien. Ce fut le chef d'orchestre,

Enrique Mazzola, de nationalité espagnole, dont on nous dit qu'il parlait très bien l'italien mais moins bien le français, qui

assura la traduction (avec brio). L'oeuvre revendique une écologie du son, un aspect psycho-acoustique,

et des solutions tantriques d'orchestration... C'était agréable, faisant par moments penser aux

tourbillons de l'eau dans Vltava de Smetana, avant la grande phase mélodique finale.

Le compositeur Alberto Colla devant les violons

Le compositeur Alberto Colla devant les violons

Les deux dernières œuvres du concert étaient de Bruno Maderna, la première s'intitulait « Serenata per

un satellite ». De fait, la partition, que nous montra Enrique Mazzola, décrivait une trajectoire erratique de portées sur

format A3, et n'était certainement pas une sérénade pour satellite géo-stationnaire ! Le chef d'orchestre nous expliqua

qu'il s'agissait d'un système aléatoire, et que la direction était improvisée, renouvelant l'oeuvre à chaque fois.

L'on apprit aussi que les indications de volume étaient « pianissimo à forte », donc nuances ad libitum.

La partie de flûte soliste fut interprétée par une flûtiste en robe longue de velours dévoré noir, que j'ai trouvée très jolie.

L'oeuvre était encore plus construite que les précédentes, le concert allait crescendo dans la construction,

comme nous pûmes le constater dans la dernière œuvre. Il s'agissait d'une deuxième œuvre de Bruno Maderna,

intitulée « Music of Gaiety », interprétée par les cordes en formation de taille moyenne, deux bassons

et trois hautbois, et un très beau duo de hautbois et violon. Surprise de taille, la musique de gaieté était

du type musique de chambre néo-baroque, donc parfaitement construite, mélodieuse, et respectant

toutes les règles de la musique classique ! Les bois jouaient le thème, qui était repris amplifié par

les cordes, avec des interventions du duo de solistes aux hautbois et violon.

Le duo de solistes et le chef d'orchestre

Le duo de solistes et le chef d'orchestre

J'ai pensé que cette musique néo-baroque avait pu inspirer un groupe italien de musique pop néo-classique qui a eu

un grand succès dans les années 80 en pratiquant les mêmes dialogues instrumentaux, Rondo Veneziano. L'oeuvre

de Maderna est néanmoins plus complexe. Nous avons été saisis par cette intrusion de musique mélodique

néo-classique en fin de concert, au point qu'Enrique Mazzola et l'orchestre ont dû attendre un peu les

applaudissements de la fin. Mais c'était très réussi ! J'ai été sensible à l'interprétation graduée d'oeuvres

déstructurées jusqu'à la structure très contraignante (mais habituelle pour les musiciens et le public) du

néo-baroque, il y avait autant d'attention et de précision dans tout le concert, structuré ou pas,

bravo à l'Orchestre national d'Ile-de-France et à son chef !

L'Orchestre national d'Ile-de-France et Enrique Mazzola

L'Orchestre national d'Ile-de-France et Enrique Mazzola

Et merci aux compositeurs qui sont venus nous présenter leurs oeuvres.

Sylvie, blogmestre

(qui a pris beaucoup de notes pour ne rien oublier...)

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog d'une choriste parisienne vagabonde
  • : Ex-blog des choristes des Choeurs de Paris 13, lieu d'échanges entre les choristes de Paris, de France, de Navarre et d'ailleurs! Instrumentistes de toutes cordes, vocales ou autres, bienvenue aussi!
  • Contact

Recherche