Hier soir j'ai entendu deux symphonies de Mendelssohn dans la grande salle de la Philharmonie
de Paris, par le Chamber Orchestra of Europe, le RIAS Kammerchor, et trois solistes,
sous la direction de Yannick Nézet-Séguin.
Sur deux jours, les 20 et 21 février, Yannick Nézet-Séguin dirigeait l'intégrale des cinq symphonies
écrites par Mendelssohn à l'âge adulte (il convient de préciser, car le jeune Felix composa douze
symphonies de jeunesse, alors qu'il était pré-adolescent...) Le premier concert du 20 février comprenait
la symphonie n°3 en la mineur « Ecossaise », et la symphonie n°2 en si bémol majeur « Lobgesang ».
Ces deux concerts étaient à la limite d'afficher complet quand j'ai réservé.
Quand j'ai gagné ma place, il n'y avait plus de livrets disponibles, puis j'en ai reçu un alors que la lumière s'éteignait
progressivement. Impossible donc de lire avant la première partie du concert le commentaire qui était fait de
la troisième symphonie, instrumentale, qui était jouée en premier. A l'entracte j'ai lu prioritairement le commentaire de
la deuxième symphonie, afin de mieux la comprendre en l'écoutant. En lisant après coup le commentaire de la symphonie
« Ecossaise », je m'aperçois que j'ai du mal à ajuster les descriptions du livret au souvenir que j'ai gardé de cette œuvre...
Mendelssohn avait fait un voyage dans les Highlands à l'âge de vingt ans, qui lui avait laissé une
impression profonde. Selon le livret, Wagner estimait que Mendelssohn était très visuel et très
atmosphérique, « un paysagiste de premier ordre » (on se souvient qu'il peignait aussi très joliment). Le mode
d'écriture est mineur, il y a un fond de mélancolie. Il y aurait donc des lochs, des embruns, de la bruyère
et des farfadets dans cette symphonie, et des danses écossaises dans le deuxième mouvement (les
amateurs de danses folkloriques reconnaîtront les scottish). La flûte et le hautbois étaient fortement mis à
contribution dans les soli. Le livret précise que le duo hautbois-flûte représenterait une cornemuse...
une cornemuse de luxe, alors, pas un biniou de village, d'autant que la flûte solo était en vermeil ! Cette symphonie est
chantante, très agréable à écouter, avec des motifs qui reviennent, des notes fluides et des roulements
de timbales. Une invitation symphonique au voyage, avec lutins, danses en kilt, et brumes écossaises.
La deuxième symphonie « Lobgesang » (Chant de louanges) est en deux parties : une première
partie instrumentale en trois mouvements, et une deuxième partie vocale et instrumentale en neuf
mouvements. La seconde partie alterne le choeur et les solistes. Cette symphonie fut créée en 1840
en l'église Saint-Thomas de Leipzig, celle où Bach avait été Kantor. Comme dans les oratorios de
Mendelssohn, on retrouve parmi les choeurs un choral « Nun danket alle Gott », homonyme d'une partie
de cantate de Bach (mais la mélodie est différente). La lumière était faible au deuxième balcon, j'ai suivi les parties
vocales sur le livret, qui en donnait le texte, en devinant un mot sur deux. Mais, découverte agréable, après les deux oratorios
de Mendelssohn que nous avons chantés en 2011 et 2015, des formulations classiques de la musique sacrée allemande
revenaient qui me permettaient de comprendre le sens du texte. La symphonie n°2 a été créée pour célébrer les
400 ans de l'invention de l'imprimerie par Gutenberg, dans ce grand centre intellectuel du XIXè siècle
qu'était Leipzig. Le premier livre imprimé étant une Bible, il était logique que la symphonie
qui célébrait sa création fut d'inspiration sacrée.
Le RIAS Kammerchor est un ensemble vocal allemand de référence, l'Orchestre de chambre d'Europe
est un ensemble instrumental de très haut niveau comprenant des musiciens européens.
Yannick Nézet-Séguin est un chef d'orchestre canadien, dont je ne saurais citer tous les orchestres
qu'il dirige ou a dirigés... Les trois excellents solistes appartenaient au choeur de chambre.
J'ai été séduite par la perfection de l'interprétation, et l'énergie du chef. Tout était parfait.
Les instruments, l'orgue, dont les tuyaux s'éclairèrent pour l'occasion, les solistes, le choeur...
il n'était pas possible de faire mieux. Lorsque, après de longs applaudissements,
nous avons suggéré un bis, Yannick Nézet-Séguin nous a dit que pour le bis,
il y aurait un second concert le lendemain... !
La salle se vida en bouchonnant le métro. Je pris une photo de la station
de métro-partition en attendant la rame suivante...
Sylvie, blogmestre