Je suis allée hier soir entendre un jeune soliste russe, Alexander Vinogarov, dans des airs de basse très
graves au Théâtre des Champs Elysées, enfin, c'est ce que j'avais compris en lisant le résumé du concert.
Mais il y avait beaucoup plus : un orchestre de chambre, un jeune choeur, et un programme
de compositeurs français, sous la baguette de Nathalie Stutzmann.
J'étais bien placée, au premier balcon, mais le fus encore mieux en descendant d'une rangée
après la sonnerie, les places du premier rang devant nous étant inoccupées.
On nous avait distribué un programme très détaillé, que j'étudiai avant le début du concert. La première
partie était une petite symphonie de Francis Poulenc, une Sinfonietta, jouée par l'orchestre de chambre
de Paris. Je connais davantage de Poulenc ses œuvres vocales, notamment le Gloria et les Chansons,
que sa musique instrumentale. L'oeuvre , de 1947, m'était inconnue. Elle fut interprétée avec brio par
l'orchestre, et je remarquai la direction précise et énergique de Nathalie Stutzmann, en me félicitant
de voir de temps en temps une femme à la baguette... Il y eut un entracte, puis le Jeune choeur de Paris
entra en scène derrière l'orchestre. Composé d'une cinquantaine d'étudiants en musique du Conservatoire
à rayonnement régional, le choeur chanta, de Georges Bizet, des extraits des opéras Carmen et
Les pêcheurs de perles. Puis Alexander Vinogradov chanta des extraits du Faust de Charles Gounod, il fut
rejoint par le choeur sur des extraits de la Damnation de Faust de Hector Berlioz, et le concert s'acheva
sur des extraits de Carmen avec soliste et choeur, dont l'air très populaire du toréador, qui emporta
l'enthousiasme et les applaudissements du public. J'ai particulièrement apprécié l'interprétation de l'orchestre
et la direction très sûre de Nathalie Stutzmann, dont ma voisine de soirée m'avait dit être l'amie. J'en ai profité
pour lui glisser que ce serait une bonne idée de donner tous les choeurs de Carmen en concert...
Le choeur avait pour directeur Henri Chalet, déjà rencontré sur ce blog, qui fit une brève apparition
à la fin du concert. Les sopranes du choeur furent brillantes dans Carmen, avec, sauf erreur de ma part,
un contre-ut dans la dernière pièce. Les choristes masculins furent excellents dans la Damnation de Faust,
en contrepoint du soliste. Le programme que l'on nous a distribué contenait les paroles des choeurs, j'en profite
pour vous citer la « puce gentille » adoptée par un prince, chantée par le Méphistophélès de Berlioz, une métaphore
sociale : « l'insecte, plein de joie, dès qu'il se vit paré d'or, de velours, de soie, et de croix décoré, fit venir de province
ses frères et ses sœurs, qui par ordre du prince, devinrent grands seigneurs, mais ce qui fut bien pire, c'est que les
gens de cour, sans en oser rien dire, se grattaient tout le jour. » Jolie écriture caustique, Berlioz !
Comme le résume le titre de cet article, ce fut un concert composite. Il m'a semble que les extraits de Carmen,
superbement interprétés, furent les favoris du public. Une version de concert de l'opéra de Bizet
est-elle envisageable? Il faudra prévoir de multiples programmations...
Sylvie, blogmestre