Ce soir, je suis allé écouter un concert Puccini-Wagner aux Théâtre des Champs Elysées. Le quartier
m'était familier. Quand j'étais encore bien jeune, RTL avait un studio rue François Ier qui diffusait des émissions de
variétés publiques le mercredi après-midi, très courues des gamines de quatorze ans... C'était amusant de repenser
à ces équipées en allant entendre du Puccini dans un Théâtre Art nouveau de l'avenue Montaigne!
Le concert était interprété par l'orchestre national de France et le choeur de Radio France, sous la
direction de Paolo Arrivabeni. En première partie, un Capriccio sinfonico de Giacomo Puccini, suivi de
Siegfried Idyll de Richard Wagner, en seconde partie la Messa di Gloria du même Giacomo...
Ma messe fétiche, la dernière grande oeuvre que j'avais chantée dans ma vie d'avant,
Au début, j'admets avoir été un peu déçue. Etait-ce l'acoustique du théatre, la forme de la scène,
très différente de l'auditorium où j'avais entendu ce choeur précédemment? L'oeuvre paraissait trop
contrôlée, alors qu'elle est foisonnante, les sublimes pianissimos du choeur de Radio France sonnaient
ici, dans le Kyrie de la Messa, un peu artificiels. Puis, le choeur s'affranchit de son sur-moi collectif,
et sortit ses tripes comme un vulgaire choeur d'amateurs, mais en mieux. Superbe! Le Gloria
dont la prévalence donne son nom à la messe fut exécuté avec maestria et fougue, et je constatai
que le public était connaisseur de l'oeuvre, car personne n'applaudit après l'apothéose glorieuse, qui ressemble
pourtant beaucoup à un final. L'oeuvre reprit sur la longue litanie du Credo, éclairée tout à la fin par
l'unique phrase "et vitam venturi saeculi, amen", et la vie des siècles à venir sonna comme une
délivrance, et la fin des épreuves terrestres fut... aérienne. Le Sanctus et l'Agnus Dei terminent
en douceur une messe un peu déséquilibrée par son Gloria, mais c'est aussi sa singularité.
Tonnerre d'applaudissements à la fin, les auditeurs ont apprécié les envolées du choeur!
A la sortie, une petite bruine nocturne mouille l'avenue Montaigne, chacun remonte son col...
Je souris en repassant rue François Ier, aux jeunes filles accrochées aux balustrades de ma mémoire.
Sylvie, blogmestre