Depuis la vaccination anti-CoVid, il y a 5 semaines, j'ai des épisodes de douleurs violentes au niveau du dos qui rendent
les voyages peu engageants. Personne ne sait de quoi il s'agit, j'ai signalé la chose à la pharmacovigilance, à tout hasard.
J'avais prévu d'aller voir mes parents à Pibrac mardi 16 novembre, un épisode dorsal violent m'en
empêcha, et je reportai le voyage au jour suivant, achetant le billet de train à la gare, lorsque j'aurais été assurée
de pouvoir y parvenir. Première mésaventure: la machine ne prenait pas ma carte de réduction.
Elle me délivra un billet pour deux trains, avec changement à Bordeaux, au tarif plein. Le QR-code du billet
avait un défaut, les machines de contrôle ne le reconnaissaient pas, deuxième mésaventure...
J'embarquai quand même dans le premier train prévu, à 9h52.
Je pris le bon wagon, mais dans la salle haute où il restait des places libres et dont la vue est
plus agréable. Le voyage se déroula normalement jusqu'à Bordeaux. La Garonne, ci-dessous:
A ma sortie du premier train, vers midi, j'appris par le tableau des trains au départ de Bordeaux
que mon second train, un Intercités allant jusqu'à Marseille-Saint-Charles, avait été supprimé,
troisième mésaventure. Aucune raison n'était donnée à cette suppression.
Le service voyageurs de la gare de Bordeaux stockait les passagers sans train dans un espace qui s'amenuisait
progressivement, leur proposant d'échanger leur billet contre un autre qui partirait de Bordeaux à 14h ce qui
me ferait arriver à Toulouse vers 16h30 ou plus, et à l'EHPAD de mes parents vers 17h avec de la chance... Je choisis
de payer une nouvelle place entre Bordeaux et Toulouse, pour le train de 13h02, et gagner une heure.
Un pianiste s'était installé devant le clavier du piano de la gare et profitait de l'affluence pour nous divertir. Ce fut "Riquita
jolie fleur de Java", "Ah le petit vin blanc", et quelques autres de la même époque, que je tentai de chanter avec lui, mais
c'était très grave pour ma voix, et les arrangements de l'instrumentiste avaient mangé quelques notes de la partie vocale...
ce fut néanmoins un interlude très sympathique et bienvenu. J'appris que ce monsieur avait fait trente et un an de
cabaret à Montmartre, et qu' il aimait bien qu'on lui offre un petit café. Pas de chance, une dame était très occupée
à nettoyer de fond en comble la machine à café, et je n'ai découvert qu'après coup qu'il y avait un vrai café
plus loin dans la gare... Je paie le café la prochaine fois, c'est promis!
Le second train s'avéra sans surprise, à part la suppression de mon accès au wifi du train, que j'avais déjà vécue
dans le train précédent. Même en réinstallant le réseau comme le préconisait Microsoft, je restai la seule passagère
sans wifi du wagon, salle haute, quatrième mésaventure. Nous fumes "rendus" (expression charentaise) à Toulouse avec
un peu de retard, il n'y avait pas de taxis, mais j'en ai heureusement rencontré un qui arrivait, et je fus à l'EHPAD
vers 16h. J'avais prévenu de mon arrivée par courriel depuis Bordeaux.
A l'arrivée, une grosse claque: mon père avait été hospitalisé d'urgence la veille. Personne ne m'avait
prévenue, sinon j'aurais différé mon déplacement jusqu'à ce qu'on puisse aller le voir en clinique,
ou dans sa chambre à son retour. Cinquième accident de parcours, lourd.
Ma mère était dans la salle commune avec quelques résidentes, un peu repliée sur elle même au début
(on imagine le choc, mes parents sont mariés depuis plus de 60 ans), puis progressivement plus confiante et
souriante. J'ai déballé ce que j'avais apporté, des bricoles dont certaines leur plaisent et pas d'autres, allez savoir.
Ce fut un paquet de nonnettes à l'orange, une jacinthe en boutons, et un ourson blanc
en peluche à cajoler qui gagnèrent ses faveurs.
Ces dames acceptèrent de goûter nos calissons, qu'elles ne connaissaient pas, un monsieur vint nous faire des bises ce qui
était certainement contraire au principe de distanciation, mais j'ai bien ri, avant d'être circonvenu par les aides-soignantes.
Il y avait un panneau derrière nous avec des photos des résidents de l'EHPAD, je pus parler avec les
aides-soignantes et avec l'infirmière de ce qui était arrivé à mon père, et des perspectives d'amélioration
et de retour pour lui. Je restai deux heures, jusqu'au dîner, et emmenai ma mère dans son fauteuil jusqu'à sa place.
Puis ce fut le retour en taxi à la gare, le coup de fil à la clinique, mon père était toujours aux urgences,
on ne pourrait rien savoir avant le lendemain. Pourrais-je aller le voir le lendemain? S'il était transféré
dans une chambre normale, oui, mais on n'en savait rien encore. Je décidai de rentrer à Paris par le train
de 19h51 qui partait bientôt, mais la machine à délivrer les billets refusa ma carte bancaire,
sixième mésaventure. Je me précipitai vers le contrôleur sur le quai qui parla de me vendre un billet de seconde classe
160€ alors que la machine m'en demandait 45 pour le même trajet... j'ai refusé, préférant prendre le train de nuit.
Hélas, le train de nuit aussi avait été supprimé, j'en suis à combien de mésaventures, 7? 8? 9? Qu'importe,
je décidai d'aller à l'hôtel pour la nuit, de rappeler la clinique le lendemain,
et selon la réponse je rentrerai ou non à Paris. Ci-dessous un grand magasin toulousain:
Commença alors une grande galère nocturne et pédestre dans Toulouse, à la recherche d'une chambre
d'hôtel. Après avoir marché une heure et demie, et avoir démarché une douzaine d'hôtels, j'étais de retour près de
la gare, et là quelqu'un eut pitié de moi et reconnut que "tous les hôtels étaient complets" (complets pour tout un
chacun, ou seulement pour moi?) On m'avait bien proposé quelques solutions de secours, mais hors de ma portée
financière. Je me souvins alors qu'il existait des cars partant le soir de Toulouse pour Paris, depuis
la gare, et parvins in-extremis à acheter un billet, et à embarquer dans l'un d'eux, quasiment plein.
Je n'ai pas dormi de la nuit, sauf par petites touches de quelques minutes. L'expérience me plut bien, l'ambiance
était à la fois mondialiste et familiale. La douleur dorsale se réveilla après quelques heures de trajet, mais resta
supportable. Le parcours routier était alternatif: Brive, Sarlat, Limoges, Poitiers, Orléans, avec ces pancartes
bistres le long de la route, vantant les châteaux locaux ou les spécialités gastronomiques du cru. Mais nous ne
voyions que les pancartes, sauf une fois où nous entrâmes dans la cité. Peu avant une heure nous avons récupéré
une passagère dans Limoges (je n'avais pas revu Limoges depuis un retour épique des Pyrénées sur ma 125cm3,
quand j'étais étudiante) . Nous nous sommes arrêtés trois fois sur des aires de routiers pour faire une pause toilettes-café,
comme de jour. L'un des chauffeurs m'a dit qu'il faisait ça presque toutes les nuits, bravo messieurs!
Ils étaient deux chauffeurs à se relayer toutes les deux heures, merci à eux et aux cars nocturnes!
A Massy-Palaiseau, nous avons déposé mes voisins de devant, et à Bercy le reste du car. Métro à 6h29*
RER, pedibus, je suis rentrée chez moi vers 7h30, jeudi matin, 18 novembre 2021.
Mon père est sorti de clinique quelques heures plus tard et rentré à l'EHPAD... Il est passé directement
des urgences à l'EHPAD, si je comprends bien, sans passer par la case chambre en secteur non-urgent en clinique.
Juste quand je suis venue. Pauvre Papa...
Sylvie, blogmestre